Un pas de côté

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Il y a des mercis qui font du bien. Peut-être plus que d’autres je ne sais pas.
Aujourd’hui, j’ai un merci qui, profondément, me fait du bien.
Un merci qui pourrait paraître grandiose, il n’est pas surfait pourtant, sincère complètement, un merci à l’Art.

 

Aujourd’hui, nous avons emmené tous nos sixièmes assister à un spectacle de danse contemporaine. Le pari n’est jamais gagné et pas seulement parce qu’on vit à la campagne et que la danse est un drôle de monde étranger. Simplement parce qu’à 11 ans, la vie n’est pas faite de ça, encore moins de cette danse-là.

Aujourd’hui, c’était une vraie chance. Les artistes de la Compagnie Cas Public arrivent de loin, de Montréal, et la première chance, c’est leur tournée en bord de Loire.
La chance encore, c’est que dans cette troupe, il y a un danseur qui est différent.
Il est sourd. Il est sourd et il danse.
La chance toujours, c’est qu’on ne comprendra pas tout du spectacle sûrement mais on gardera ce qu’on veut justement.

Aujourd’hui, c’était une vraie chance. Ma classe, que j’ai retrouvée juste après le spectacle, a compris je crois ce que je leur ai raconté sur cette chance-là.

Parce que juste après, comme nous avions du temps au retour en classe, je leur ai montré une petite capsule vidéo de Cai Glover, le danseur sourd, qui expliquait quelques signes et gestes du spectacle.

Si vous aviez vu.
Quelle chance j’ai eue.

Mes 27 loustiques, scotchés au regard du danseur, en train de faire avec lui, les signes de la joie, de la beauté et de la perfection.
En silence.

 

-M’dame, j’ai pas trop aimé la danse mais la danse d’un danseur sourd qui fait des trucs de fous sans entendre la musique, juste ça, j’aime.
-Merci !

 

Je crois vraiment à cette chance de notre école encore, de montrer, d’ouvrir des portes, à l’ailleurs, au différent, à la vie.

Merci Cai Glover d’exister. Merci la danse, merci l’Art. Merci mes élèves de vous laisser embarquer dans ce pas de côté.

 photo ©Hélène Guillard

 

 

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