Décalée

Il y a certains soirs où le fil de la journée se déroule en petite liste jolie sans ponctuation comme un souffle de verbes que je griffonne sur un cahier et je les relis au lendemain comme des promesses.      Décalées.

Prier à l’abbaye    rencontrer Josie bénévole un an à l’Arche    relire quelques pages de Jean Vannier    préparer les pâtes    faire les galettes et les crêpes avec les neveux et nièces il faudra que j’apprenne ça à mes petits-enfants    parler de nos vies et projets avec Élo    profiter encore du soleil dans le parc   préparer des cours les élèves me manquent    apporter des crêpes à Sandrine    rentrer avec un pot de gelée de coings    donner sans rien attendre en retour et recevoir encore et encore c’est fou    écrire une petite histoire   répondre à des mails il faut que j’aille rendre visite à mes vieux amis    sourire qu’est ce que j’aime la vie quand même    filer au centre pastoral    retrouver les amis   préparer le 5è dimanche de Carême j’aime bien mes amis engagés c’est vrai tu vas en monastère des fois dis raconte c’est chouette d’être un peu      décalée
Rentrer    il est tard la maison est encore pleine de vie les vacances personne n’a envie de terminer la journée   se faire une tisane   partager encore quelques mots    poser la musique sur mes oreilles   c’est drôle de vieillir   ne pas le sentir le temps qui passe    décalée
Ouvrir l’écran   naviguer un peu les nouvelles les mêmes mon Église encore et encore ses maux et leurs mots et leur pourquoi et leur comment rien ne ressemble vraiment à ce que je vis ici      décalée

Parfois j’aime assez. Parfois ça me fait peur.
Ma vie les gens de ma vie ma paroisse ma ville ça ne ressemble pas beaucoup à ce que les médias montrent en boucle à ce que les cathos pignons sur rue racontent un peu oui mais pas tant pas tout au fond pas en vrai.
Est-ce que je suis vraiment en dehors alors à côté décalée ?

 

Au matin, ouvrir ma Bible.
Lire Ses mots, à contre temps.
Décalés.

 

Sourire.

 

2 réflexions au sujet de « Décalée »

  1. Je crois que nous avons toujours ce sentiment de décalage par rapport à l’actualité et au monde tout simplement parce que tout n’arrive pas à tous, que ce soit le mal ou le bien d’ailleurs. c’est la diversité de nos vies. Nous sommes donc souvent touchés mais souvent “en dehors”. Et bien il me semble qu’être décalé ce n’est pas seulement “ne pas vivre ça” mais au contraire vivre “avec tout ça” et en regardant (en osant le dire aussi ) encore ce qui peut paraître caché – ou même ne plus exister : l’amour, le beau, la vie.

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