Lundi bleu ?

J’apprends des trucs tous les jours ou presque. Alors, aujourd’hui lundi, il paraît que c’était le “Blue Monday”. Lundi bleu.
J’ai fait la curieuse sur l’internet parce que je ne connaissais ni l’idée, ni l’expression et j’ai découvert que ce 3è lundi de janvier serait (c’est scientifique mais quand même au conditionnel) le jour le plus déprimant de l’année.

En vrai, ce soir, ma découverte m’a fait sourire parce que dans la salle des profs ce lundi, on avait quelques p’tits élèves qui nous déprimaient un peu. Si, vraiment. Mais je crois que le sourire et l’humour nous protègent encore de la profonde dépression face à ces garnements.
Bref. Lundi déprimant. Blue Monday. Parlons-en.
Déjà, le bleu ça ne lui va pas du tout. Parce que le bleu du ciel, le bleu de l’océan et le bleu de mon chemisier à fleurs, c’est tout sauf déprimant.
Et à la fin de ce lundi, le déprimant, je peux l’affirmer, ça ne lui va pas vraiment.

Le matin qui te réveille avec des messages de tes enfants, même loin,  te souhaitant une belle semaine, ça lui va bien.
Les sourires des collègues qui se donnent du courage au matin du lundi, ça lui va tout autant.
Le merci des amis parce que t’es simplement leur amie et au détour d’un sms tout gratuit, ça lui va carrément.
La BD qu’on te dépose au pied de ta porte, toute bien enveloppée, un lundi midi parce que tu n’es pas là mais que t’avais envie de la lire au soir, ça lui va énormément.
Le voisin- qui a guetté ton retour du collège- qui te propose des œufs tout frais  parce que les poules pondent trop en ce moment – c’est rigolo des poules qui pondent trop-, ça lui va gentiment.
Une maman d’élève qui te remercie, ça lui va vraiment.
De jolies copies que tu n’attendais pas, ça lui va absolument.
Bref. J’arrête parce qu’on pourrait bien me dire qu’entre tout ça, il y a bien de quoi le trouver déprimant ce lundi de janvier.
Bien sûr. Evidemment. On vit dans le même monde.

 

 

Je ne regarde pas que le joli mais le joli qui est là me fait regarder le difficile autrement.

 

 

Il n’était pas blues ce lundi. Absolument pas déprimant.
Et qu’on arrête un peu de mettre de belles couleurs sur de fichues idées qui nous feraient presque broyer du noir !  😉

Histoire de Jérusalem

 

C’est un exercice que je ne sais pas très bien faire. Je devrais pourtant, paraît-il. Devant les élèves non plus, je ne sais pas très bien le faire lorsqu’il me demande – Mais c’est bien madame ?
Souvent, je leur réponds que ça vaut le détour de quelques heures, forcément solitaires, j’attrape ledit bouquin ou j’ouvre la BD et je commence à lire.
C’est ça. Je commence à leur lire quelques passages que j’aime vraiment.
Parce que je ne sais pas très bien parler autrement des livres que j’aime ou que j’ai aimé.

Pourtant, comme ce petit blog m’appelle depuis quelques temps et que j’aime m’y retrouver, vous retrouver, je me suis dit qu’en 2023 je pourrai essayer de raconter mes lectures. Peut-être pas toutes. Celles qui me touchent. Je vous préviens, je lis beaucoup et rien ne ressemble à rien mais vous verrez bien.
J’y vais. Je me lance alors.

Ma première lecture de l’année est terminée depuis quelques jours déjà. En vrai, depuis un peu avant 2023, mais c’est quand même la première. Allez, j’y vais cette fois.

C’est mon grand garçon qui m’a fait ce cadeau. C’est déjà cadeau ça. Savoir que cette Histoire de Jérusalem ne me laisserait pas en répit au bout de 249 pages.
249 pages pour 4000 ans d’histoire.
J’ai lu d’une traite, presque.
Avec l’envie de tout savoir, très vite.
J’ai retrouvé des passages que je connaissais bien, j’ai enfin compris quelques points qui m’avaient échappé ailleurs mais pour vous dire la vérité, je ne maîtrise, après cette première lecture, que quelques bribes des 10 chapitres si denses, si riches, si compliqués parfois, d’une histoire incommensurable. De l’Histoire qui mêle les monothéismes aux conquêtes les plus diverses, de ces grands conquérants aux influences de toute la terre ou presque, et la paix, et la guerre, et la vie, et la mort. Une BD, une simple BD pourrait-on dire. Les couleurs et dessins de Christophe Gaultier et Marie Galopin  pour mettre en lumière le travail exceptionnel de Vincent Lemire et de ses quelques 200 sources. Rien de simple non. Un travail de longue haleine, ciselé. Beau.
J’ai relu une deuxième fois, essoufflée presque. Et me dire qu’il me faudrait du temps et tellement encore pour comprendre.

Depuis mes deux lectures, j’ai laissé la BD sur la table du salon. Parce que j’y reviens encore. Parce que je la trouve belle et qu’ici, je pose toujours les livres que je trouve beaux. En partage.
L’amie Fabienne, venue me retrouver pour un petit café cet après-midi, n’a pas manqué de le voir. – C’est pour ton caté ?
C’était joli à entendre ça
Alors je lui ai raconté un peu. Non, il n’y a pas que Jésus là-dedans ou plutôt il y a Jésus au milieu. Et tellement avant, et tant après.

 

Voilà. J’aime ce livre. Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus. Je ne saurai pas bien le faire. Mais je peux vous lire un tout petit peu des paroles du grand olivier, fil conducteur du livre et seule fantaisie imaginaire de l’auteur. Un vieil olivier, né sur le mont du même nom il y a 4000 ans et témoin de l’Histoire.

” Derrière moi, le soleil levant…le désert à perte de vue, la mer Morte. Devant moi, Jérusalem, le soleil couchant…la plaine fertile et la Méditerranée. Sur cette ligne de crête, à 800 mètres d’altitude, entre la terre et le ciel, entre les hommes et les dieux, entre le monde des vivants et le monde des morts… Jérusalem est le point de contact entre tout cela.”

 

J’ai oublié. Une envie toujours intacte, plus vive encore depuis, de retourner un jour à Jérusalem.

à bientôt,

Corine

Il reste la vie

 

J’ai d’abord enlevé les guirlandes puis l’or et le rouge des boules suspendues à un fil. Nu, le sapin s’est retrouvé sous la pluie du jardin. Ses branches, une fois sèches, serviront comme chaque année de petit bois pour allumer les débuts de feu.
Je n’avais pas très envie de le défaire pourtant, ni de le ranger. Je n’ai jamais très envie que Noël s’en aille. J’ai attendu un peu puis j’ai dû m’y résoudre. Le pauvre petit sapin bien dodu perdait de sa superbe et ses aiguilles commençaient à tomber.
Il reste ma crèche pour un peu de temps.
Il reste la vie, encore.

 

Je suis arrivée au collège ce matin et j’ai appris la nouvelle. En deux mois, un troisième papa disparu trop tôt. Et une maman en fin de vie.
On n’a jamais envie d’entendre ces nouvelles-là juste après nos bons vœux. Absurdité de nos existences. Tout mais pas la mort.
C’est tellement difficile de dire encore qu’il reste la vie.

 

Je  suis rentrée au midi, j’ai filé vers une nouvelle rencontre d’équipe de paroisse pour préparer notre petit journal. On a cherché les idées, on s’est réparti le travail. Cette fois, c’est un article à quatre mains qui m’incombe, avec Marie-Jo. J’aime beaucoup Marie-Jo. Dans ma paroisse, elle est connue pour ses chapeaux. Et tout ce qu’elle a donné et donne encore. On a parlé d’âge parce qu’elle m’a dit, au détour d’un bon mot, mais tu es jeune ! Il faut dire qu’en paroisse, à bientôt 56 ans, on peut encore être jeune. Le seul endroit sûrement !
-Et toi ?
-Moi, j’ai arrêté de compter à 70.
Elle a éclaté de rire.
Il reste la vie.

 

Il reste ma crèche pour encore un peu de temps. J’en profite au soir pour le demi- centimètre d’avancée de mes mages, pour consoler Marie – parce qu’un bébé ça reste compliqué – , pour prier avec mon bon Joseph.
Je crois qu’il me murmure encore de ne pas oublier ça.
Il reste la Vie.

Chaque jour

 

2 janvier. Ça y est. L’an neuf a commencé à dérouler son temps, comme tous les ans avant lui. J’ai retrouvé le tôt du matin, les préparations de cours à revoir, les séances à planifier, la rentrée c’est demain.
2 janvier. Les doux vœux, les bons vœux. Je m’en suis rassasiée hier, sans doute que ce sera le cas pendant quelques jours encore. Parfois même, on ose étirer cela jusqu’à la fin du mois. Je ne vais pas m’en plaindre. J’aime lorsqu’on se souhaite du bon.
2 janvier. J’ai dit, j’ai écrit, j’ai souhaité le bon et le beau, le doux et la paix aussi. J’ai ajouté parfois le courage qu’il nous faudra. Rien de neuf. Je sais la vie faite de rose et de gris. Pourtant, rien de faux, rien de vain, rien d’inutile à nous dire et nous redire du bien.
2 janvier. J’ai peu parlé de Dieu au fond. Pas besoin d’une nouvelle année au calendrier pour Le prier d’être là, tout proche. Ou plutôt que je sois là, moi, plus proche. Dans mes vœux, il y a toujours, je crois, ma petite prière en filigrane.
2 janvier. Hier, la première messe de l’année, m’a rappelé  quelque chose d’important. Je devais donner la communion. Comme à notre habitude, on s’est retrouvés avec mes amis derrière l’autel. J’aime bien être là. Encore davantage hier. J’aime bien regarder l’assemblée, visages connus et inconnus, devant moi. Et puis, il y a sur ma gauche le coin des enfants et là, hier, cinq petits dessinaient tranquilles fredonnant doucement et à ma droite, une petite nouvelle servante d’autel qui souriait- riait même- de tout découvrir. Je me suis dit que ma nouvelle année, je la souhaitais comme ça, souriante : parmi les enfants – avec mes élèves aussi-, devant Dieu et au milieu de tous.
2 janvier. Le jour se lève. Je vous l’espère bon, beau et doux ce jour qui commence une nouvelle année. Je ne serai pas là chaque matin pour vous le redire mais c’est ce que je vous souhaite pour chacun des jours à venir: qu’ils soient bons, beaux et doux. Bonne année 2023 chers amis.

 

 

 

Joyeux

Dernier jour

 

C’est vrai, il était long cet Avent mais quel bonheur d’avoir tenu la distance. Merci, merci à vous qui êtes passés me lire. Cheminer ensemble, et avec vos petits messages souvent, a vraiment été une source de joie.

 

Joyeux Noël. Depuis toujours, la formule questionne parce que notre monde n’est pas joyeux ou si peu. Mais je vais vous raconter quelque chose d’un peu douloureux qui aujourd’hui me fait dire Joyeux Noël sans cette espèce de fausse pudeur qui serait d’y ajouter oui je sais ce n’est pas vraiment joyeux et pas pour tous et bla bla bla.

C’était il y a 16 ou 17 ans, je ne suis plus certaine de l’année. L’église était pleine à craquer, toute la paroisse rassemblée pour la veillée de 18h30, celle où les familles et tous les enfants se retrouvaient. Au début de la messe, la femme de ce médecin que nous connaissions bien nous a confié que son mari n’était pas là, appelé d’urgence au chevet du bébé de N.
Il ne s’est pas passé un seul instant de cette messe où je n’ai prié pour eux.

 

Nous avons tous appris le lendemain que ce petit enfant de trois mois était mort la nuit de Noël, mort subite du nourrisson.
Je me souviens d’avoir cherché mes mots pour mes enfants qui allaient à l’école avec les aînés de cette famille. Je me souviens de tous les enfants quelques jours plus tard à la sépulture. Je me souviens qu’on s’était demandé comment on pourrait à nouveau se souhaiter un joyeux Noël.

Quelques années plus tard, j’ai croisé la grande sœur à une veillée de No¨ël, avec sa famille, avec des sourires. Je me souviens de nos gestes de Paix et de leur joyeux Noël.

Elle ne raconte rien mon histoire qui change le monde tout proche et très lointain. Elle me dit seulement que ce joyeux n’est pas dans nos petites joies ou pas seulement, qu’il ne tient pas du miracle, qu’il n’est pas magique. Ce joyeux n’est autre que la Joie que Dieu nous donne par son Fils, tout petit, fragile, immensément fragile, qui nous sauve. Cette Joie-là n’éclate pas dans les lumières des villes, ni sur les tablées heureuses et familiales. Cette Joie-là n’enlève ni les blessures, ni les souffrances.
Cette Joie, elle se niche au creux des cœurs. Même meurtris.
Et cette Joie, au-delà de tout, est le moteur de ma vie, d’autres vies je l’espère.

Alors, Joyeux Noël à tous !

 

PS: ce chemin d’Avent m’a redonné le goût des partages ici, alors, je reviendrai, sûrement, avant Carême  😉

Ton Ciel

Soir 27

 

Au matin, j’ai installé mon Joseph près de l’étable. Il lui fallait nettoyer un peu, déposer de la paille, s’occuper des animaux. Marie attendait tout près, le souffle déjà court. Inutile de chercher ailleurs mon bon Jo, il n’y aura rien de meilleur que cet abri de fortune.

J’ai cuisiné en les regardant de temps en temps, rapprochant mes bergers qui ne savent rien encore, rassemblant mes villageois qui se dirigeront vers la petite chapelle bientôt, surveillant ma Marie qui voulait rassurer son Joseph. Ce sera bien, on est bien ici, il fait bon et puis, personne ne viendra nous ennuyer. Ne t’inquiète pas Jo, tu as fait tout ce que tu pouvais.

Dans ma cuisine, juste à côté, ça sentait bon le pain d’épices, les tuiles au parmesan et la joie. C’est vrai. Même si pour moi, Sa naissance, à raconter, ressemble toujours à une immense inquiétude. Comment naître là ? Comment tout cela peut-il se faire ? Je leur ai fait confiance.

Ce soir, mes mariés de Bethléem sont couchés tous les deux sur la paille fraîche, ils se réchauffent et même si leurs regards sont ailleurs, on dirait bien qu’ils sont au milieu de nous.

Alors, on a dîné joyeux. Nos mariés à nous sont arrivés de leur Bretagne. Pas encore un repas de fête mais l’ambiance est un peu là. Les lumières du sapin osent le dire. Les bougies gardent le temps précieux qui veut bien ne pas s’écouler trop vite.

L’heure tourne pourtant. On a étalé les cartes sur la table. J’aime bien ce jeu en ce moment. On y jouait même dans la salle des profs la dernière semaine avant les vacances, histoire d’être ensemble. Je me souviens qu’une collègue a demandé pourquoi il s’appelait ainsi. Personne ne savait.

L’heure tourne. Moi, je me suis demandée si j’aurais le temps d’écrire ce soir. On jouait. On était bien. Et puis, qu’est-ce que je vais encore pouvoir écrire ? Que Jo a enveloppé de la paille dans un linge propre et l’a déposé sous la tête de Marie. Elle est bien. C’est étrange comme la nuit se fait plus douce soudain.

Marie s’est endormie. Enfin.
Par les interstices du toit, Jo regarde le ciel. Ton ciel, Jo.

Skyjo.

 

 

Je le dirai à mes collègues en Janvier que ce jeu va bien avec ma crèche. 😉

 

Oh demain, je n’aurai le temps de presque rien ici mais je vous promets, je passe pour un dernier mot, mais cette fois au midi. Pour garder le dernier soir pour Lui.

à demain 😉

 

Mères

Soir 26 ( il n’en finit pas cet Avent 😉 )

 

Jeudi. Voilà. On y est. Les enfants sont tout près, et pour d’eux d’entre eux, venus déjeuner ce midi, c’était déjà la joie. Je n’ai pas encore mis les petits plats dans les grands. Mais quand ils sont là, c’est qu’on y est. Noël peut s’installer tout à fait.

Jeudi. Voilà. Je radote souvent avec mes enfants. J’essaie pourtant d’être délicate quand Maddy qui n’a pas pu un seul jour tomber enceinte – elle est étrange cette expression. Tomber. Comme si ça tombait sur les unes et pas sur les autres. –  quand Maddy me raconte ses souvenirs parce que même si elle me dit que ses nombreuses nièces et nombreux neveux ont empli son espace, je sens qu’il y a ce tout petit quelque chose dans sa voix.
Je sais celles qui ont fait d’autres choix, je sais celles qui sont heureuses, je sais celles qui souffrent, je sais celles qui n’en peuvent plus de souffrir.

 

Jeudi. Je me souviens de cette promesse faite par celui qui devait devenir mon mari: “Oui, si nous ne pouvons pas avoir d’enfants, nous en adopterons”. J’avais besoin de cette certitude. Il y en a d’autres qui auraient demandé je ne sais quoi avant de se marier, moi, je voulais juste ça. J’ai eu la chance de mes trois bébés. Je songe à l’ami qui a accueilli trois enfants aussi, pas de son sang mais ses enfants pleinement. Et à chaque fois, j’ai pensé à mon Joseph.
C’est Ton fils.
Infiniment Ton fils.
Il le sait Joseph. Je vois qu’il le sait quand il conduit Marie sur son petit âne. Ils sont au bord de Bethléem ce soir et nul autre que lui ne s’inquiète davantage pour son enfant.

 

Jeudi. Voilà. Nos enfants sont bientôt tous là. Et ma crèche inévitablement pense aux mamans ce soir. À toutes. Celles pour qui rien n’est simple, celles pour qui tout semble aller bien. Celles d’hier, d’aujourd’hui, de demain.

Et Toi, petite Marie. Je pense à toi. Ta faiblesse et ta force. Ton silence et tes paroles. Ta douceur et tes colères. Tes joies et ta souffrance.
Et rien, au fond, ne me fait aimer Dieu davantage que par et pour toi.

à demain.

 

PS: vous savez, dans ma crèche, j’ai même une maman-poule. 😉

Marcher sous la pluie

Soir 25

J’aime bien marcher sous la pluie. Avec la capuche quand même, il pleut vraiment.

Il n’y a pas de pluie sur ma crèche bretonne. C’est à se demander.  😉 Pourtant, les tempêtes et les vents mauvais font bien partie de nos paysages. De tous nos paysages.

Mais nos crèches n’ont jamais le gris des ciels.
Sa lumière, seulement.

 

J’aime bien marcher sous la pluie. J’ai marché longtemps, ça fait du bien, histoire de prier du bout des pieds, du fond du cœur. Sur ce chemin d’Avent qui s’achève, respirer le temps, regarder les gens, se dire que la vie est drôlement étonnante tout le temps. De cet étonnement qui a peut-être saisi les jeunes parents devant leur enfant naissant. Lui, si petit, si grand. Et eux, simplement là.

 

Pendant ma balade, Joseph et Marie ont marché eux-aussi. Tout doucement mais Marie avait besoin de dégourdir ses jambes. C’est parfois comme ça à deux ou trois jours d’un accouchement, un regain de force. Comme s’il fallait s’armer. Je m’en souviens.

C’est le soir. Ils sont fatigués; moi aussi, un peu. Nous avons bien marché.
Joseph est là, simplement. Marie, tout près, attend. J’aime me reposer près d’eux.

à demain.

Menus et instants précieux

Soir 24

 

C’était l’heure des menus aujourd’hui. J’ai déballé les recettes et les livres sur la grande table,  toujours devant ma crèche. C’était l’heure des menus et il y a du pain sur la planche parce que cette année tout se joue à domicile. Et cela me rend heureuse. Un tantinet occupée mais heureuse de ces instants à venir, précieux.

J’aime cuisiner. Le simple et le bon. J’aime cuisiner pour ceux que j’aime alors Noël, ça tombe plutôt bien. Je suis sûre que Marie et les femmes qui l’entouraient aimaient cuisiner. Les femmes de son Orient natal aiment les parfums des épices, le miel et le lait, le simple et le bon. Et les sourires autour d’un repas comme la certitude de savoir que l’instant est précieux.

J’aime servir aussi, le tablier pourrait être noué comme Lui. 😉 J’aime apporter les plats, servir les assiettes, ne rien oublier. Oh… je ne manque jamais d’aide, jamais ! mais souvent j’aime leur dire restez assis, restez, vous êtes bien. La joie de ma cuisine va jusque là. Sans servitude aucune, non. Simplement, savoir qu’autour de ma table, pendant ces Noëls-là, l’instant est précieux.

C’était l’heure des menus aujourd’hui, des petites listes pour vérifier que tout sera bien là pour mes recettes. Les santons cuisiniers dans ma crèche sont nombreux. Ils portent les pains, les galettes, les poissons… mais il n’y a pas de table. Pas encore. On dirait que pour eux aussi, c’est l’heure des préparatifs.

Sur la route, Joseph a laissé le petit âne se reposer avant Bethléem. Dernière étape. Le repas se fait un peu plus maigre mais il espère encore l’auberge pour sa Marie. Son ventre bien rond se tend certains soirs, se fait dur, il va être bientôt l’heure. Joseph s’inquiète encore, Marie le rassure. C’est elle à nouveau qui partage le simple pain du menu. L’enfant a bougé. Instant précieux.

 

à demain.

 

 

Un Père-Noël, une rose et une prière

Soir 23

 

Lundi s’est installé tranquillement. Aujourd’hui, ma crèche m’a regardée emballer mes cadeaux. J’aime bien ça faire les petits paquets avec les petites choses qui sans nul doute feront plaisir. C’est mille fois galvaudé ce que je vais dire mais c’est mille fois vrai : il y a bien plus de plaisir à offrit qu’à recevoir.
J’en ai profité pour avancer mes Mages d’un poil. Parce qu’ils sont très loin et qu’il faudra qu’ils soient prêts à partir. Bientôt. L’étoile brille déjà.

Lundi s’est installé chaleureusement. Encore un goûter pour un autre filleul. Mon plus petit mais déjà grand du haut de ses 5 ans et demi. Je n’ai pas beaucoup parlé d’enfants pendant cet Avent pourtant vous savez combien ils comptent. Ce n’est pas l’insouciance ni la naïveté que j’aime dans l’enfance. J’aime surtout la sincérité et lorsque Nathanaël m’a dit que ma crèche était très belle marraine, ça veut dire qu’il la trouve très belle. Sans faux-semblant.

Lundi s’est installé autour de la table encore une fois. J’ai bien remarqué que mes santons lui trouvaient un drôle d’air à ce gars rouge coca-cola.  Je leur ai dit que ça faisait partie du folklore. Je crois qu’ils ont compris l’idée. L’idée de joie à donner, de douceur à partager quand tant et tant sont tristes et sans rien.

 

 

Et j’ai pensé à la petite Vicka.

Vicka venue d’Ukraine un temps avec sa maman et ses tantes et cousines, dans notre paroisse et retournée depuis dans son pays, à Lviv. Celle qui avait fait une rose en pâte à modeler un dimanche d’éveil à la Foi.

Une pensée pour ces visages que nous avons croisés quelques mois et qui nous envoient des nouvelles régulières : “8 à 10 heures de coupure d’électricité par jour… la vie difficile… mais s’il vous plaît, chers amis, une seule chose: priez pour nous”.
Une prière, c’est tout ce qu’ils nous demandent.

J’ai trouvé mon Père-Noël presque ridicule.
Et mes paquets.
Et le doré de nos Noëls.

 

Alors, Joseph le juste, le doux, m’a regardée du coin de l’œil.
“Ne te trompe pas. La joie n’est pas de s’en priver parce que tu l’as et d’autres moins. La joie est de la répandre, de la donner. Continue.”

Il m’a encore dit de continuer.

J’ai souri. J’ai prié pour Vicka et tous les siens. J’ai prié pour mon petit Nath. J’ai prié pour tous ceux que j’aime et que je vais bientôt revoir.

 

à demain.