Faux-pas

Se déplacer, à petits pas, pour Lui faire de la place.
Mon Avent à partager cette année sera fait de petits pas de côté…

Il serait assez tentant de croire que nos chemins d’Avent sont faits simplement de nos pas dans la neige, de balades dans des marchés de Noël, d’ouverture de cases en chocolat chaque matin. Je suis mal placée pour vous dire que cela ne compte pas même si la neige par chez moi se fait rare ! J’aime tout autant les parfums et les couleurs des marchés, j’aime les petites fenêtres d’un calendrier à ouvrir.
Bien sûr que ces douceurs sont de nos noëls, les évincer un peu trop vite par souci d’une quelconque “vérité”, ce serait pour moi nier ce qui aujourd’hui peut nous unir. Et j’aime encore l’idée d’être rassemblés en Son nom même si Son nom n’effleure pas toutes les bouches.

Il serait tentant de croire pourtant que nos chemins d’Avent sont faits uniquement de douceurs, de dorés et de paillettes. Dans ce qui nous mène vers Lui, si c’est vers Lui qu’on veut aller, il y a quelques faux-pas, quelques maladresses, quelques cailloux qui se glissent sous nos chaussures. Inévitablement.

Bien sûr que trébucher fait partie de ma marche.
Aussi.

Mais je sais, qu’à chaque faux-pas, il y a une main qui se tend pour me rattraper juste à temps, et parfois bien tombée par terre les quatre fers en l’air, il y a une main pour me relever.

La sienne.

 

De notre chemin d’Avent juste commencé, j’aimerais que nos faux-pas remplissent de nos fragilités aussi les petites cases à ouvrir chaque jour.
Que notre désir de Le suivre ne nous rende pas aveugles, ni hautains, ni même trop sûrs de nous. Joseph, il ne m’étonnerait pas que ta fatigue t’ait fait parfois trébucher, que Ta Marie elle-même ait senti quelques cailloux quelquefois sous ses pieds.
Jésus le sait bien.
C’est l’humanité qu’il incarne dans la chair de sa mère. C’est l’humanité qu’il aime dans son premier souffle. C’est notre humanité qu’il accompagne, telle qu’elle est, sur le chemin, avec ses faux-pas.

À deux pas d’ici

Se déplacer, à petits pas, pour Lui faire de la place.
Mon Avent à partager cette année sera fait de petits pas de côté…

C’est toujours un peu étrange mes débuts d’Avent: d’un côté, une nouvelle plongée dans l’histoire des premiers siècles juste avant notre ère puis juste après, des relectures, les coutumes d’un Orient finalement toujours méconnu de moi et qui me raconte Jésus et sa famille et de l’autre, un nouvel élan dans ma paroisse familière, des temps de préparation en équipe et des partages amicaux, les dorés de ma maison, les tant aimés santons de ma crèche.
Et chaque fois l’impression que, dans ce grand écart entre hier et mon aujourd’hui, Jésus est à deux pas d’ici.

C’est toujours un peu curieux mes Lectures d’Avent: d’un côté, un lundi matin à retrouver Jésus qui soigne, qui guérit, qui soulage. Baume de la Parole de Dieu. Dis seulement une parole. On pourrait croire que notre centurion est d’un autre temps. Et au midi du même lundi, je reçois un message d’une amie qui se dit athée depuis toujours sans aimer rien d’autre que notre amitié et qui m’envoie “une prière qui n’en est pas une” pour papy décédé il y a tout juste une semaine. Ses mots, prière à sa façon, vraie prière pour moi, sont un baume pour ma peine.
Et chaque fois l’impression que, dans ce grand écart entre notre hier et notre aujourd’hui, Jésus est à deux pas d’ici.

C’est toujours un peu doux mes débuts d’Avent: d’un côté, mon quotidien fait d’heures pleines d’élèves, de cours, de conseils de classe, de bilans de trimestre; mes jours remplis de famille, d’amis, de voisins; mes soirs faits d’habitudes, celles que j’aime et de l’autre, mes petits rendez-vous d’écriture, parfois bousculés dans un emploi du temps chargé mais toujours heureuse de partager mes mots avec vous. Exactement comme à l’instant, 18h23 je boucle vite mes dernières phrases, instants où j’écris sur mon petit ordinateur, dans un coin de salle des professeurs, en attendant un conseil tardif qui ne devrait guère tarder désormais.
Et toujours, la certitude inavouée que Jésus est à côté.
Juste à deux pas d’ici.

 

 

À pas de loup

Se déplacer, à petits pas, pour Lui faire de la place.
Mon Avent à partager cette année sera fait de petits pas de côté…

À pas de loup.

À pas de loup. Il me semble que c’est ainsi que Jésus nous demande de veiller. Sans en faire trop, sans bruit, sans trompettes.
Avec ténacité, horde de guetteurs silencieux. Vigilants.

À pas de loup. Il ne s’agit pas de passer à côté, encore moins d’ignorer. Les plus petits, les plus fragiles, les plus humbles, Dieu nous redit bien que c’est en veillant sur eux que nous veillons sur son retour. Le chemin est là, son chemin.

À pas de loup. J’aime la douceur de cette expression et sa force en même temps.
Je me souviens des matins de Noël à déposer les cadeaux des enfants, je me souviens des nuits malades à les veiller sans les réveiller, je me souviens des heures silencieuses à se lever prier dans une aube encore endormie.

À pas de loup. Être guetteurs n’a rien de doucereux ni de facile. L’image est loin d’être édulcorée. Il n’est jamais question d’un monde de bisounours. Non. L’acte de veiller, même à pas de loup, ne signifie en rien se cocooner dans son plaid, au chaud d’un monde qui depuis toujours hurle ses injustices, ses colères, ses souffrances.

À pas de loup. Quitter son confort, sortir des sentiers battus, oser. Mais sans jamais se croire surpuissant. Sans faire de bruit, notre Avent est là, au cœur de chacune de nos heures, de chacun de nos jours.

Veiller à pas de loup, c’est écrire, sans jamais renoncer, dans chaque instant de nos vies, l’Espérance de son retour. C’est vivre, dans ce nouvel Avent, une veille qui nous remplit de joie.

Pas à pas

Se déplacer, à petits pas, pour Lui faire de la place.
Mon Avent à partager cette année sera fait de petits pas de côté…

Pas à pas. C’est ainsi que j’avance, c’est ainsi que je marche, c’est ainsi que je randonne. Jamais de grandes enjambées, je ne sais pas faire. Pas à pas. Doucement.

Pas à pas. C’est ainsi que nos vies se font, se défont. Un pas après l’autre, parfois un grand saut, souvent quelques pas de côté.

Pas à pas. Joseph prend la route, scelle sur le petit âne le baluchon et laisse une place pour Elle, celle qu’il nomme doucement son aimée.

Pas à pas. La route est longue. Elle prendra du temps. Comment imaginer que Dieu aurait pu venir dans nos vies en un grand saut de géant, dans une course effrénée à perdre haleine ou même sans se déplacer ?

Pas à pas. C’est ainsi que Marie a porté l’enfant, berçant son ventre au rythme des pas d’un petit âne, posant ses mains sur les rondeurs de son oui, osant regarder devant, confiante.

Pas à pas. Jésus est entré dans nos vies. Sans faire de bruit pendant de longues années, puis en peu de temps, pas à pas, empruntant tous les chemins pour croiser tous nos visages.

Pas à pas. Chaque Avent prend le rythme d’une marche, avec Lui, on avance, on randonne. Jamais de grands pas.

Entrons dans l’Avent, doucement.

 

Premier soir, premiers pas

Se déplacer, à petits pas, pour Lui faire de la place.
Mon Avent à partager cette année sera fait de petits pas de côté…

On ne se souvient pas des nôtres mais l’histoire familiale est souvent là pour nous les raconter. Des miens, on m’a toujours dit qu’ils n’étaient pas pressés, que j’avais attendu très longtemps avant de me lancer seule et que finalement, je préférais, petite, regarder le monde debout, sans bouger, plutôt que le découvrir en trottant en tous sens.
On ne se souvient pas de nos premiers pas, pourtant, ils ont souvent dû être bouleversants. Etre capable d’avancer seul, d’aller rapidement où bon nous semble, de découvrir le monde au-delà de notre seule vue. Oui, nos premiers pas ont dû être bouleversants et une des clés qui nous a fait grandir.
On ne se souvient pas de nos premiers pas et peut-être que tous ceux qui ont suivi ont été chaque fois plus importants. Une fois la confiance bien là, l’équilibre trouvé, il a fallu continuer, prudemment pour les uns, de façon plus intrépide pour les autres, il ne restait qu’à tracer le chemin.

À l’aube d’un nouvel Avent, j’ai presque toujours l’impression d’un premier pas de petit enfant à refaire. Se mettre ou se remettre debout, se laisser bouleverser, avoir confiance.
C’est bien ce que Jésus nous dit en naissant: je suis des vôtres, petit, fragile.
Je ferai mes premiers pas de petit d’homme pour vous guider. Prudemment, les uns me suivront, les autres de façon peut-être plus intrépide. Certains me lâcheront la main sans vergogne, mais peu importe.
Si vous vous mettez debout, si vous vous laissez bouleverser, si vous avez confiance, je suis là. Toujours.
Mes premiers pas ont tracé le chemin.

 

 

 

 

Déplacements

 

Me voilà à quelques encablures de l’Avent et de nouveau prête à embarquer ! Inutile de vous redire combien j’aime ce temps qui me prépare à Noël. J’y aime tout ce que mes contemporains y aiment : les lumières, les guirlandes, le vin chaud. Les cadeaux pas seulement pour ce qu’ils sont mais pour les attentions qu’on porte en les faisant. Le sapin, les bonhommes de pain d’épices, les chants qui vont avec. Et puis, évidemment, la crèche, la veillée, sa naissance. Evidemment. Parce que tout pourrait paraître évident.

Rien ne l’est tout à fait pourtant.
C’est ce que je constate quand chaque année revient l’Avent. Comment me préparer, nous préparer vraiment ? Comment faire de la place, encore, ou plutôt refaire de la place à Jésus dans ma vie, dans nos vies ?

Depuis quelques jours, je cherchais, je creusais l’idée, je priais aussi pour trouver un chemin d’Avent à partager avec vous encore une fois cette année. Il y en a eu quelques-uns déjà, mes idées seraient- elles taries ?

Et il y a eu dimanche. Mon dimanche. Il a mené mes pas vers mon église un peu plus tôt que de coutume car je devais préparer quelques livres au fond de l’église, à l’entrée. Quelques livres à prêter, quelques lectures à partager. Alors, je suis restée au fond.
De ma place coutumière au devant de l’autel, j’ai aimé rester à l’arrière.
Déplacée.

Et il y a eu lundi. Ce lundi soir. Rejoindre très vite une famille bouleversée. Papy est mort. C’est étrange comme les mots sonnent faux quand on nous annonce ce qu’on ne veut pas entendre. Nous avons veillé jusqu’à ce matin. Dernier à Dieu.
D’un début novembre qui faisait naître ma première petite-fille à une fin qui dit aurevoir à mon beau-père, la vie.
De mes heures en projets, j’ai toujours l’impression d’en être
Déplacée.

Et il y a l’Avent. L’Avent qui de nouveau se profile à petits pas. Ceux que Joseph guidera, ceux que le petit âne répétera au long du chemin, ceux que Marie osera.
Des petits pas bien davantage que de grandes enjambées qui nous feraient croire qu’on avance en grand.
Des petits pas, l’air de rien, que je ferai faire à chacun de mes santons tout au long de décembre.

Des petits pas.
Des déplacements insignifiants à vue de nez, c’est peut-être bien de ceux-là que je viendrai vous parler.
Histoire de Te faire une place Jésus et, pour cela, bouger un peu. Petit pas de côté.
Me déplacer.

 

Et comme l’Avent est un peu “court” cette année, Dieu ne m’en voudra pas si je me conforme au populaire petit calendrier et que, comme lui, je commence le 1er… Mais c’est demain !  😉

Alors… à demain soir, chers amis, pour un premier soir avec un petit pas partagé.

 

J’aurais voulu leur dire

Je ne m’y attendais pas.

D’habitude, c’est la bonne ambiance et la détente, les bons mots et les rires à l’heure du repas et la cantine est bonne en plus, ce qui ne gâche pas le plaisir de cette petite pause bienvenue entre des cours, des réunions, des problèmes à gérer, bref, le quotidien. Et puis, j’enseigne dans un collège de l’enseignement catholique quand même, même s’il ne l’affiche pas toujours en très très haut sur le fronton de ses portes au milieu d’un village de campagne qui se demande peut-être bien lui aussi ce que fabrique Dieu aujourd’hui. S’il existe, rien n’est moins sûr tu sais.

D’habitude, je suis bien ici au milieu de mes collègues, à déjeuner, tranquillement.

Je ne sais plus très bien d’où la conversation est partie. Je crois qu’on parlait un peu du monde à l’envers et des guerres. Oui, je crois qu’on parlait de ça après d’autres choses pas très claires d’ailleurs sur nos différences. Différences à gommer.
Une, puis deux, puis trois collègues se sont jouées des “de toute façon s’il n’y avait pas de religion, il n’y aurait pas de guerre…” Cela n’a duré que l’espace de quelques mots, quelques phrases entre le fromage et le dessert.

Je n’ai rien dit. Je n’arrive pas à parler quand je suis surprise et blessée et que tout se bouscule en moi. J’ai même attendu aujourd’hui pour raconter cet hier.

Une autre collègue a ajouté qu’on ne devrait pas porter de signes religieux à l’école et, soudain, minuscule, j’ai eu presque envie de cacher ma petite croix qui reste là, toujours au creux de mon cou. Depuis longtemps dans ce collège. Catholique.

J’ai un peu de mal à raconter parce que vous savez combien le collège est précieux pour moi, combien j’apprécie mes collègues souvent et je sais que cela peut être réciproque. Je ne suis pas vraiment certaine, je ne suis pas vraiment sûre qu’elles aient pensé à moi et à mon amie collègue, assise à cette table aussi, qui porte avec moi le projet “aumônerie”.

Je me suis presque dit qu’elles répétaient des paroles sans vraiment les penser au fond.

Et je n’ai rien dit.

J’aurais dû.
J’aurais dû leur raconter un peu. Ma vie toute simple où Jésus guide tous mes pas. Rien de parfait, tout imparfait, mais mes sourires viennent de Lui, mes mains qui aident un peu, mes mots qui soulagent, mes oreilles qui écoutent, oui, tout me vient de Lui.
J’aurais dû leur raconter les belles personnes, celles reconnues, celles plus nombreuses encore, anonymes. J’aurais dû répéter les paroles que je sais par coeur. Celles de Jésus, de Soeur Emmanuelle, de Martin Luther King, du Dalaï Lama. Et tant d’autres. J’aurais dû raconter tous les hommes, toutes les femmes de bonne volonté que l’amour de Dieu a portés.
J’aurais dû leur dire qu’une religion ne tue pas mais qu’elle “relie”.
J’aurais dû leur dire qu’elle a bon dos, qu’on se sert d’elle pour détester, pour abuser, pour tuer.
J’aurais dû.

Je n’ai dit ma blessure qu’à mon amie collègue, en sortant de table. Toujours juste, elle m’a rappelé que mes collègues, en l’espace de quelques phrases autour d’un repas, n’avaient pas eu besoin de religion pour blesser et faire mal.

Je peux blesser aussi, souvent. Il n’y a pas de bons ni de méchants dans cette histoire. Elle est l’espace d’un petit bout de conversation.

Mais cela me questionne.
Comment parler de paix aujourd’hui s’il y a une volonté de gommer, d’effacer, de nier, de faire disparaître, de ne plus tenir compte de Dieu et de ceux qui croient en Lui et en font le ferment de leur vie ?

Il faudra que je leur dise.

 

 

 

 

J’attends

J’attends, sagement je crois. J’attends sagement depuis dimanche seulement.

J’ai manifesté un peu d’impatience avant, me disant que cette petite aurait sûrement un peu d’avance. Comme moi lorsque j’attendais sa maman. Mais cette petite et sa maman, c’est une nouvelle histoire et bien leur en a pris de bousculer mes impressions, mes idées, mes plans.

J’attends, doucement, maintenant. J’attends doucement depuis dimanche seulement.

Auparavant, je m’étais dit qu’elle arriverait à la fin de la période scolaire, ou au tout début des vacances, et que j’aurais du temps pour profiter de ce nouveau temps. Celui qui vient et qui va me faire devenir grand-mère pour la première fois.

J’attends, sereinement. Depuis dimanche seulement.

On me dit qu’il est normal que je m’inquiète pour la naissance mais voir ma grande fille ce dimanche, la voir si calme et si confiante, si forte aussi, a éteint mes inquiétudes. Elle est tellement joyeuse. Sa petite doit être tellement bien en son sein. Elle le sera pleinement dans ses bras, c’est certain. C’est une très belle maman.

J’attends et presque tant mieux que la vie de cette petite-fille prenne le temps qu’elle veut pour naître. Je suis prête maintenant à n’être, moi aussi, pour elle, qu’une heureuse, joyeuse et douce grand-mère.

 

La pluie

Il pleut. J’ai presque envie de dire enfin. J’aime la pluie.
Celle du début de l’automne surtout, celle qui caresse doucement les feuilles déjà mortes, celle qui semble ralentir les heures.

Il pleut. Soudain, il n’y a rien d’autre à faire que de travailler à la maison ce mercredi sans classes. J’aime la pluie.
Celle que j’entends lorsque la fenêtre du bureau est restée entrouverte. Elle ponctue le rangement des livres par sa danse bruyante qui enlace les feuilles, encore accrochées, vivantes.

Il pleut. J’ai refermé la fenêtre. J’aime la pluie.
Celle qui dégouline le long des carreaux maintenant. Elle pose des larmes sur tout ce que je regarde au-dehors. Elle est si vraie en ce moment.

Il pleut. La maison est vite pénombre. J’allume une bougie.
J’aime la pluie quand elle propose de faire rayonner un peu les dedans.
La cuisine s’en mêle. Des pommes, une pâte vite faite, une petite tarte dorée.

Il pleut. On n’y peut rien.
Je souris encore.
J’aime la pluie, aussi.

 

Heureux… ?

Curieusement, c’était un doux moment.

On ne s’était pas retrouvées depuis le début de l’été. C’est une petite équipe qu’on pourrait dire amie. Autour d’une table, au creux d’une salle, au cœur d’un centre pastoral, lorsque notre tour vient, on “prépare” une messe. À nous de choisir les couplets des chants, de rédiger notre mot d’accueil, nos prières universelles. À nous de nous nourrir des lectures du dimanche qu’il nous faut “préparer”. Mes guillemets ne minimisent pas le travail qui nous incombe, non; ils sont là pour vous dire que, plus que “préparer” une messe, nous nous préparons à servir peut-être davantage, ce jour-là, l’accueil, les lectures, les prières.
C’est nous qui nous préparons. Il nous faut nous plonger dans la liturgie de ce dimanche-là, nous coller aux textes parfois difficiles, ou surprenants, ou au contraire bien connus. Dur labeur parfois.

Curieusement, c’est souvent un doux moment.

Cet après-midi, je suis arrivée la dernière, juste à l’heure quand mes amies sont là un peu avant. On se donne des nouvelles pendant que j’allume mon ordinateur. C’est toujours moi qui tape ce qu’on prépare, qui relit aussi.
J’écris la date.
Cette fois, ce n’était pas un dimanche mais un mercredi. Le 1er novembre.
Nous voilà prêtes à préparer la messe de la Toussaint.

Saint Jean nous a touchées une fois de plus.
– Il n’est jamais simple le bougre mais comme c’est bon de l’entendre nous rappeler l’amour de Dieu.
L’amie nous a fait sourire, elle a toujours le sens de la formule.
Elle a continué les lectures, de sa voix douce d’ancienne institutrice.

Heureux…

Elle a égrainé les Béatitudes.

Nous sommes restées silencieuses.

Heureux.

Le silence a duré. Je crois qu’il a, à ce moment exactement, porté nos p’tites prières au fond de nous.
Pour ceux qui pleurent, ceux qui ont faim de justice, ceux qui sont persécutés.

Heureux ?

Nos prières universelles se sont vite écrites. Parfois, les mots filent vers Toi parce qu’ils ont besoin que Tu répondes.

 

On était prêtes à se quitter quand un jeune homme est entré, la petite trentaine, un peu moins peut-être.
Souriant.
Immensément souriant.
On avait laissé la porte du centre pastoral ouverte et celle de notre salle, juste en face, aussi.

– Bonjour, c’est la maison des Pères ici ?
– Juste à côté, oui… Vous voulez voir un prêtre ? On peut aller se renseigner si l’un d’eux est ici…
Et son merci, dans un grand sourire, vers nous.

Il nous a dit à nouveau merci quand le père Amand est arrivé. Un grand sourire quand il lui a pris la main pour la serrer.
Il semblait heureux.

 

Je suis repartie avec ça. Tout ça. Nos mots, nos lectures, son sourire.
C’était un doux moment.
De ceux qui remplissent ma vie d’Espérance.
Malgré tout, absolument tout.