Pause

Pause.

Le mot se dit en un souffle, comme un souffle.
Le mot arrête le temps un instant.
Le mot fait du bien.
Le mot réconforte.
Le mot s’assoit quelques minutes, il fait silence, il sort prendre l’air.

Pause.
Parfois, il a l’allure de presque rien, rien d’important.

Il allume une bougie.
Il fait griller deux tartines de pain, il dépose un peu d’houmous, il croque dedans.
Il croustille.
Il éteint le monde, il écoute une musique, il sourit.
Et le sapin brille, la crèche prie, Noël s’avance.

Pause.

Chanson

Chanson.

Il y en a toujours une dans un coin de ma tête, toujours une sur les mots que j’écris, toujours une accrochée à la radio de ma voiture.
J’aime les chansons, peut-être même davantage que le verbe chanter.

J’aime les chansons. Pas toujours celles qui ont des grands textes, ni de belles paroles, ni des mots qui ressemblent à de la poésie. J’aime les chansons qu’on dit populaires, les simples, les sans conséquences, les futiles. Celles que j’ai fredonnées depuis mon enfance en faisant tourner les vieux 33 tours, celles qui passaient à la radio entre les étapes du Tour de France, celles qui ont gardé tous mes souvenirs.

J’aime les chansons. Je trouve qu’elles parlent bien. Plus que les grands discours.
Elles parlent de ce que j’aime: aimer.
Tellement.
Peut-être qu’il n’y a que l’amour à chanter, non ?

Chanson.

Ce matin, j’ai fait tourner ma playlist jusqu’à celle-ci. 8 décembre. Je crois que je suis capable de trouver une chanson pour chacun de mes jours. (Un calendrier de l’Avent pour l’an prochain , chiche ?)

Et pardon pour les fenêtres de ces derniers jours restées fermées, le temps, mes amis, le temps… 😉

à demain… 🙂

 

Positif

Positif.

Il n’a pas une allure très sérieuse ce mot, on a l’impression qu’il joue de ses voyelles qui crient et de ses consonnes qui éclatent. Il est de ces adjectifs qui traînent un p’tit air de BD, pas très littéraire l’ami.
L’ami, oui, l’ami pourtant.
On dit souvent qu’il m’accompagne. Dans mes idées, ma façon de voir la vie, ma façon d’être peut-être. Peut-être.
Je me souviens que c’est le titre d’un vieil album de Goldman. Positif.

L’ami, oui, en ce moment, depuis quelques jours.
Il faut l’être parce qu’au collège, le positif, il a pris un autre sens: “cas” parmi les élèves et “cas” parmi les collègues et soudain, des cas à l’allure devenue exponentielle. On ne sait pas comment sera lundi avec les absences de profs, comment on va pallier les manques. On a un peu de mal ce soir, dans nos échanges de mail, à voir le …positif, celui qui pourrait rendre le sourire.

Positif. Mon amie qui me téléphone pourtant pour encourager la dernière inspection de ma carrière lundi. Oh… lundi. “Le truc chouette, c’est que tu es positive, tu l’as toujours été, il le verra bien !” Et son mari l’entendant: ” Quoi ? Corine est positive ?”
Enfin l’éclat de rire: ” Oui elle l’est… mais pas à ce fichu virus !”

Ouf. Pourvu que ça dure… Restons positive !

Bon deuxième week-end d’Avent chers amis…Faites souffler un p’tit vent de positif, celui qui ne fait de mal à personne, je compte sur vous.  😉

 

Cahier

Cahier.

Ses pages sentent l’encre bleue, la colle au parfum d’amandes et les classes de notre enfance.
J’aime le mot cahier parce qu’à le prononcer, il y a des visages de mon passé qui reviennent. Celui qui m’a donné le goût d’écrire, celle qui a corrigé mes pages en me rappelant qu’entre ces lignes-là, je pouvais devenir celle que je suis.

Et si le cahier a aujourd’hui perdu de sa superbe devant nos claviers, nos écrans, nos lignes qui s’affichent en presque trop grand, nos mots que l’on tape, que l’on tape oui, lettre après lettre, sans les lier d’une main qui, autrefois malhabile, pouvait parfois écorcher le papier sur des mots difficiles.
J’aime toujours les cahiers, les carnets, les blocs-notes. J’aime encore et toujours les encres bleues, les feutres noirs, les crayons de couleur qui, au gré de mes textes, de mes notes, de mes bouts de dessins viennent remplir des pages silencieuses.
Cahier, à prononcer ton nom résume toutes mes années d’écolière, de collégienne, de lycéenne, d’étudiante et de prof, ma vie en somme.

Cahier.

Il est un cahier aujourd’hui que je continue à remplir, chaque matin, le soir aussi, assez souvent. Des mots en petites prières. Je ne pourrai pas les écrire ailleurs. Il me faut le temps des lignes, le silence de ma plume, peut-être même la douceur des pages.

Que cet Avent vous donne à vous aussi le temps de poser quelques mots, pour vous, pour d’autres. Et si vous sentez un regard par dessus votre épaule lorsque vous écrivez dans votre cahier, c’est qu’Il n’est sûrement pas loin.
Il nous lit, nous relie, c’est certain. 🙂

Promesse

Promesse.

J’ai commencé ma journée avec ces mots :
“Décembre a ce quelque chose de différent : il s’ouvre toujours sur une promesse de joie.”

Et ma journée s’est remplie d’inattendu.
Il est encore là. Rien de malheureux ni de triste, juste de l’inattendu.
Et je me dis ce soir que la vraie promesse de chaque jour, c’est qu’au bout des heures, je peux retrouver Jésus dans ma petite prière pour écouter ce qu’Il me dit de tout ça.
Et je crois bien qu’Il sait me répondre.

C’est vrai pour décembre, Sa promesse, c’est d’être là.  🙂

 

 

Soir

Soir.

Il y eut un matin, il y eut un soir.
Sans même un bout de plaisanterie, mes matins vont avec mes soirs. Oui, ils vont même très bien ensemble. Et si on m’a répété souvent qu’on ne pouvait pas être des deux, j’aime vivre pleinement les bordures de mes journées.

Le soir qui rentre du travail et qui a la chance de retrouver une maison bien douillette. Le soir qui sort au spectacle. Le soir qui reçoit des amis. Le soir qui attend le retour des enfants. Le soir qui chante. Le soir qui bouquine sur le canapé. Le soir qui regarde un film sous un plaid. Le soir qui prie. Le soir qui corrige des copies. (Celui-ci semble moins agréable mais il y a la tablette de chocolat, le chat qui ronronne et la satisfaction de se débarrasser rendre le travail le lendemain  😉 ). Le soir qui rencontre autour d’un café. Le soir qui cuisine. Le soir qui ne fait rien mais du bien. Le soir qui se réunit pour un joli projet. Le soir qui écoute.
Bref, j’aime bien tous ces soirs- là. Ils semblent me dire que la vie aime continuer à vivre, qu’elle n’a pas le temps de sommeiller, encore moins de s’arrêter.

Et s’il en est d’autres plus difficiles dans l’année, je sais qu’il y aura au bout de décembre un de mes soirs préférés. Mais il est un peu trop tôt pour en parler, l’Avent ne fait que commencer.  😉

Il y a un autre soir que j’aime bien, qui se profile à l’horizon, qui colore joliment de blanc mes cheveux, qui creuse des petites lignes sur mon visage quand il sourit. Je serai hypocrite de dire que vieillir ne me fait pas peur, que le soir de ma vie serait synonyme seulement de paix. Je mentirai si je disais que vieillir est facile et agréable. Pourtant, je l’ose: j’espère devenir vieille, raconter des histoires encore à mes petits-enfants devenus grands. Il y aura sans doute le difficile des heures plus que fatiguées mais aussi, je l’espère, la joie de les avoir accomplies. J’aime bien vieillir. Non pas pour les petites douleurs et la fatigue plus grande mais pour le temps rétréci qui rend un peu plus précieuse chaque heure. Je le sens, je le sais. Et ce soir me plaît.

Et je repense à Elisabeth et Zacharie. J’aime que leurs soirs ouvrent ma Bible sur des mots d’Espérance.

Bon jour, bon soir à venir, à demain. 🙂

 

Matin

Matin.

6h03. Je ne sais pas si c’est la bonne heure pour parler de ce mot. Je crois que le tôt du matin c’est encore un peu plus tôt. Quand il flirte avec la fin de la nuit, à la bordure d’un temps qui semble arrêté, quand tout est encore endormi. C’est là que je le préfère.
6h05. C’est son silence que j’aime. Celui qui me fait croire quelques instants que mon monde sait se taire et écouter le reste du monde. C’est son silence que j’aime parce qu’il fait un peu plus de place à Dieu aussi.
6h08. Déjà j’entends la voiture de cette petite maman qui va démarrer ses ménages de bureaux avant que l’entreprise n’ouvre ses portes laissant son grand de 12-ans-seulement s’occuper de la fratrie avant l’école. Je ne suis pas très fière d’aimer mes matins douillets au chaud de ma maison devant mes petites écritures.
6h12. Le café brûlant a fermé ma Bible et ouvert mes cahiers de prof. J’aime assez préparer ma journée avec Sa Parole dans un coin de ma tête et le cœur à la fois heureux et toujours inquiet de retrouver mes élèves. De cette inquiétude qui se demande si leur vie à la maison est heureuse.

7h34. Ce n’est déjà plus le matin tranquille. Le chat se tient à la porte. Il veut  faire son tour de jardin. J’ouvre enfin les volets. Je regarde ma crèche, les bougies, les lumières.
Il y a comme une respiration de joie, profonde malgré tout autour. Le savoir déjà là et L’attendre.

Et je pense aux matins de Marie. Après une nuit agitée de rêves, elle a dû poser ses mains, une sur le haut de son ventre, l’autre comme pour Le bercer déjà, et murmurer sa petite prière à Dieu pour qu’Il garde sa promesse.

Que votre matin de ce début d’Avent soit promesse d’un bon jour, d’un beau jour, à demain.

 

Bonjour l’Avent !

Bonjour.

Ce petit mot de rien est la clé. Ce petit mot tout ordinaire est ma clé.
Quand il attend mes matins, au tôt de la maison endormie, il semble accompagner les portes qui s’ouvrent. Il y a quelque chose à vous raconter maintenant que les enfants ont bien grandi et qu’ils ne vivent plus dans notre maison familiale: je continue à descendre l’escalier sur la pointe des pieds, à ouvrir chaque jour les volets de leurs chambres, et parfois, je passe la main pour tapoter un lit, remettre un oreiller, regarder en arrière alors que rien n’a vraiment bougé. Gestes de mes bonjours à la vie qui m’a donné nos enfants.

Il est la clé. Il est ma clé.
Quand nos bonjours se croisent ou se le disent en même temps, d’une même voix presque. Il y a quelque chose à vous raconter de ces matins où, quelquefois, le bonjour se fait l’écho d’un petit pardon de la veille pour un mot de trop, un désaccord, une mauvaise humeur. Il semble nous redire que ce jour recommence notre vie à deux, à construire encore même après plus de 30 ans de vie commune. 😉

Il est la clé. Il est ma clé.
Boulangère du matin, caissière des midis pressés, il ponctue d’une bonne journée ces rencontres du quotidien.
Il ouvre la salle des profs et reçoit en retour d’autres bonjours, des saluts, des coucous Coco même.
Il ouvre mes classes, croise leurs yeux et ose le dire bien fort derrière le masque ce bon jour à venir.

Bonjour.
Ce petit mot de rien est la clé.
Je ne peux m’empêcher de le murmurer en d’autres langues parfois, celle de ma Bible souvent. Je me mets à penser à Joseph, menant sa Marie vers son pays, nourrissant avant même qu’elle ne se réveille la bête qui la portera et portera leurs vivres et regardant le ventre de celle qu’il aime devenu déjà bien rond. Puis, lui dire un bonjour, un bon jour de marche à venir, un bon jour pour avancer sur leur chemin.

Bonjour.
Ce petit mot de rien ne paye pas de mine. On le remarque pourtant, surtout lorsqu’il est absent.
Bonjour amis lecteurs, n’oubliez pas de l’oser en tous lieux en ce temps d’Avent et que ce jour soit bon !

Mots d’Avent

Je viendrai vous les écrire, un à un, jour après jour, simplement.

Il n’y a jamais de grands discours ici, jamais de coups d’éclat.
Il y aura donc des petits mots, de ceux qui font cheminer parfois, peut-être de ceux que Joseph a pu murmurer à l’oreille de Marie sur leur chemin, de ceux que j’entends, de ceux qui m’accrochent, des mots d’enfants – mes préférés, des mots d’élèves qui osent, qui surprennent, des mots qui déroutent, des mots qui rassurent, des mots qui font grandir, des mots qui font aimer.
Je laisserai les gros mots, ceux qui se moquent, qui blessent ou qui font mal. J’oublierai tous ceux qui font les intéressants. Je sais qu’il en est de la sorte. Mon Avent de mots saura les taire.

J’aurais aimé vous les dire aussi, la voix est un joli vecteur qui tisse des liens entre nous, d’une belle manière. Mais le temps, cette année, risque de ne pas me laisser tranquille pour des enregistrements de podcast. Tant pis, parfois, il faut savoir mesurer pour mieux faire. Je m’abandonne pas Pépites et papillotes. Promis, elles reviendront pour une nouvelle année.  😉

Dans l’attente de vous retrouver dimanche, ici, un dernier petit mot…  🙂

Patience.

De la patience.
Je n’en manque pas. En classe, je sais qu’il faut l’avoir, bien ancrée au fond de soi. Non pas pour attendre un miracle, non !… mais parce que grandir prend tellement de temps. Et que jamais il ne faut manquer d’être là pour voir les pas se poser un à un, les progrès sourire heure après heure, les renoncements, les fragilités, les ruptures à accompagner, aussi.

De la patience.
J’en ai. Mon entêtement le sait bien.
Mais quand le calendrier vient flirter près de la fin novembre, quand enfin ce long mois tout gris tout terne s’achève, il y a comme un tressaillement déjà. L’Avent pointe son nez, vraiment. Et il fait tant de bien à être bientôt là.

De la patience.
Au long, tout au long, pour retrouver Sa Joie.

à dimanche 🙂
Corine

Sortie de boîtes aujourd'hui 😉

Quand la brume sera dissipée

Il m’arrive souvent, de l’automne au printemps, de traverser ma route de campagne de la maison au collège le nez dans le brouillard. Il ne s’agit pas d’une métaphore pour un cerveau qui serait embrumé, mal réveillé, ailleurs. Non. Je conduis réellement en presque aveugle, scrutant le tout- devant de l’auto qu’éclairent partiellement ses feux. C’est toujours un peu étrange parce que, malgré tout, je connais la route. Par cœur. Et je ne ressens pas le danger d’une route inconnue dont je ne verrais ni les courbes, ni les croisements, ni les imprévus. Là, je peux presque tout anticiper. Finalement, en plein jour ou voilée de brume, ma route, je la suis, je la sais, je file sans trop m’inquiéter. Pourtant, il m’est arrivé, au détour d’un virage, d’éviter de justesse un danger. Et de me redire attention, la brume n’est pas encore dissipée.

J’ai repensé à cela aujourd’hui. Et là, pardonnez-moi, j’ai joué un peu sur la métaphore. J’ai pensé à ma route embrumée en regardant mon Église. Parce que finalement, je me suis rappelée que je suivais Sa route, à Elle aussi, souvent dans un vrai brouillard. Pas très au clair sur ses statuts, sa théologie, ses doctrines. J’ai même eu plus souvent qu’à mon tour l’impression de m’en ficher, que rien n’était plus important que Dieu et ma Bible, que Jésus et son Evangile et que l’Esprit Saint, mon guide dans tous mes brouillards. Que cette Église, bien humaine, je la prenais de haut.

J’ai bien failli raté le virage, tombé dans les ornières, oublié le roc rassurant et solide sur lequel Elle devait être.
J’ai eu peur de me perdre, de La perdre, ressenti la colère de m’être trompée de chemin, éprouvé ce drôle de sentiment : c’était bien plus qu’un brouillard épais qui L’entourait et je n’y voyais plus rien de beau.

Depuis un mois, Les discussions sur le rapport Sauvé avec mes amis paroissiens, avec mes amis, avec mes proches, mes lectures aussi, ont levé un premier voile. Apprendre, souffrir, prier. Dévoiler.
Ce soir, je lis les communications et résolutions de nos évêques et je crois que je n’ai pas eu tort de prier, d’y croire un peu mais…

Mais, je sais les routes. Les brumes sont tenaces. On croit pouvoir avancer quand même, par habitude, et on oublie que la petite brume n’est pas tout à fait dissipée.

Ma route de campagne embrumée, sinueuse, reste dangereuse et j’y sais bien tous les dangers.
Mon Église n’a pas fini de lever les voiles qui pèsent. Il ne faudra pas que je l’oublie, avec mes amis paroissiens, mes amis, mes proches, avant que les brumes, dans leur entier, ne soient elles aussi dissipées.