Sans croire

Abraham répondit :
“S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,
quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :
ils ne seront pas convaincus.”
Luc 16, 31

Je me suis dit en partant ce matin que c’est sur cette Parole que j’écrirai aujourd’hui parce que je l’aime vraiment cette Parole d’Abraham, elle dit tellement ma Foi dans l’aujourd’hui et l’incompréhension qu’elle suscite.

Croire à la résurrection d’entre les morts. Sur Paroles.

Et puis, je me suis un peu laissée aller sur l’actualité. Heureusement, le collège m’a happée pour  une belle journée de répétitions de théâtre me faisant oublier l’actu. C’était bien. En rentrant, j’ai retrouvé des mots vains pour convaincre qu’avoir la Foi ça n’était pas un truc de cerveau vide.
J’ai tout éteint.
Je crois que j’étais un peu agacée.

 

Il y a eu l’appel de Marie-Thé et un truc à faire pour Lourdes, un nouveau livre reçu, cadeau de mes enfants, le sourire est revenu. L’essentiel est là. Il y a toujours quelque chose de joli pour me le rappeler.

Le temps du bureau, les cours, les préparatifs pour un demain qui file dès la sortie du collège vers un 24h à  l’abbaye, la joie encore.
Et puis, la lecture de mes mails.

Et j’ai ouvert celui d’Hélène.
Je me suis dit que là, il y aurait mieux à faire, que le reste n’était que du bavardage. Plus d’importance.
L’amie aime m’écrire, beaucoup, depuis que son compagnon est très malade.
Cancer en phase terminale.
Soins palliatifs.

C’est plus que rude. Ça n’a même pas de nom tellement c’est rude.
Ça ne peut pas s’écrire, ça ne fait qu’étrangler la gorge.

Alors elle vient m’écrire des pages Hélène pour laisser aller ses tristesses et ses joies, sa peine, ses souvenirs, ses pourquoi.
Elle ne peut plus parler. Elle écrit.
Je connais bien ça, elle le sait, alors elle m’écrit. Elle m’écrit encore.

Je lui réponds des paroles d’amie, des mots doux, des phrases de Jésus.
Elle me dit à chaque fois qu’elle aime bien me lire, tout lire.
Alors je continue.

Je lui raconte mon Espérance,  la mienne, celle des Chrétiens, mon Credo de catholique.

Hélène ne croit pas en Dieu.
Elle n’y croit pas davantage depuis qu’elle sait que son amour va la quitter. Elle n’y a jamais cru. Elle me dit que la mort c’est pour toujours.

Hélène ne croit pas en Dieu et je n’y change rien même si on est amies depuis très longtemps. Mais elle aime mes paroles d’amie, mes mots doux, mes phrases de Jésus.

Voilà. Et Abraham, c’est vrai ce que tu dis. C’est ainsi.
Mais Tu vois Seigneur, Hélène elle termine toujours ses mails par cette phrase:

” Continue Corine à me raconter, continue, ils me font du bien tes mots.”

Ce n’est pas important pour moi qu’elle ne croit pas, je ne cherche pas à la convaincre, de quel droit, pourquoi, comment. Je ne sais pas faire ça. Je sais juste les paroles d’amie, les mots doux, les phrases de Jésus.

Alors je continue.
Je suis là.
Comme ça.
Et Hélène m’écrit que ça lui fait du bien.
Sans croire.

Et nos petits chemins de Carême pour être là, c’est tout.

 

2 réflexions au sujet de « Sans croire »

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