Au crayon qui s’efface

 

 

Mardi 12 mai – 9 h à 12 h: préparation de rentrée au collège.

 

J’ai eu envie de poser un joli coup de fluo sur l’info.
Drôle de rentrée de mai.
Mais tout est au conditionnel même que j’ai préféré écrire l’info au crayon qui s’efface.
J’ai pourtant envie de l’illuminer.

 

Bien sûr c’est compliqué, inédit, inquiétant.
Mais, dans mon petit collège à la campagne, au milieu d’un village quasiment épargné, au cœur d’un département et d’une région peu touchés par le virus, l’idée que nos plus jeunes élèves puissent reprendre un peu pied dans un collège où ils se trouvent plutôt bien, ça aussi, ça fait du bien:  à eux, ils l’écrivent; à leurs parents, qui pour la plupart nous redisent leur confiance; à nous, qui avons envie d’être là.
Bien sûr ce ne sera pas la classe habituelle. Bien sûr la récré se vivra sans parties de foot endiablées, sans insouciance, sans bagarres aussi. Bien sûr l’odeur des désinfectants gommera celles de nos peintures, de la cuisine de Gaëtan et même du café de la salle des profs.
Bien sûr.
Tout semble vouloir recommencer mais en pointillés, au conditionnel, en crayons qui s’effacent.
Et l’agenda si carré, si sûr, si organisé d’habitude prend des allures étranges de rondeurs, de peut-être, de on verra bien.

 

Et ce matin, je Te relis encore.
Je me demande parfois si mon chemin près de Toi, avec Toi n’est pas, lui aussi, davantage un chemin au crayon qui s’efface. Non pas avec l’oubli des ratés, non. Mais avec ces pointillés, ces peut-être, ces absences de certitudes qui pourtant, bizarrement, sont celles qui me font avancer. 
Le chemin n’est pas droit et bien tracé, je le sais trop bien. Mais n’empêche. Sur le fil d’un crayon qui s’efface, il y a toujours cette envie de poser un joli coup de fluo. Et de continuer.
Comme pour illuminer mes peut-être d’un Tu es là.
Toujours.

 

9 réflexions au sujet de « Au crayon qui s’efface »

  1. ici aussi; compliqué, beaucoup d’énergie pour peu de temps mais on a envie d’essayer même avec les petits: on a trouvé pas mal d’idées en équipes, ça nous a évité de lire ou d’entendre tous les rabats joies. et puis on fait ça depuis le début avec les petits des soignants et personne n’est venu à ce moment-là nous demander comment on faisait avec des 3 à 6 ans. On a fait de chouettes trucs et la boule au ventre le matin a vite disparu. on va vivre avec ce virus longtemps peut-être des mois un an on ne va pas rester cloitrés dans nos maisons; et tu connais ici Corine les enfants ont besoin souvent de l’école. Merci de tes petits sourires et merci pour ta lettre et tout bises, Nanou

  2. Bon courage Corine pour cette rentrée bizarre. J’espère que ça n’a pas été trop compliqué de vous organiser avec toutes ces nouvelles contraintes sanitaires. Je penserai bien à toi et à tous ces élèves qui ont envie de se retrouver… et à tous ceux qui devront encore rester à la maison !
    Grosses bises de courage et de joie 😊

    1. Compliqué…ce n’est pas le mot: cela demande du temps, de la réflexion pour trouver le plus ajusté. Avec seulement des demi groupes de 6è et de 5è, le collège a de la place. Les contraintes, on va les vivre. Je suis un peu désemparée face aux critiques que je lis en ce moment: certes, les conditions sont complexes, les consignes sanitaires plus qu’exigeantes mais comment faire sans ? Nous ne pouvons pas rester confinés indéfiniment surtout dans ma région plutôt épargnée et nous ne pouvons pas non plus reprendre comme si de rien n’était. Alors les consignes sanitaires sont une obligation même si elles paraissent parfois impossibles. Qui peut proposer autre chose ? Tout cela nous donne le courage de reprendre et surtout les mots des élèves qui en ont envie même s’ils savent que ce sera “bizarre”. On a tous envie d’un peu de nos lieux, de nos habitudes même bouleversées.
      Merci d’être là, merci de tous tes petits dessins qui me font toujours sourire.
      Je t’embrasse, Corine

      1. Il faut reprendre, c’est certain. Ils se languissent eux-aussi de leurs amis, copains, copines de classe, des professeurs aussi et de toutes ces interactions qui font la vie en société. Ils vont devoir simplement apprendre à se saluer à distance comme au XVIIIe s. (à la façon Jane Austen en fait 😄😄) To bow… c’est tellement élégant. Peut-être que c’est ça, nous allons devoir réapprendre l’élégance. Bon courage en tout cas, je suis bien certaine qu’ils seront tous si contents de te revoir. Je m’en réjouis pour toi et pour eux 😊 Je t’embrasse Cath

        1. oh merci de l’idée…le salut à distance au 18è, ce pourrait être une jolie entrée en matière pour se retrouver…tout comme l’idée d’un petit élève reçu hier…”mais madame, oui ce sera trop bizarre mais on va pouvoir raconter ça plus tard comme un truc extraordinaire qu’on a vécu! “…oui en espérant de tout coeur que cela ne devienne pas la norme future trop longtemps… 🙂

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