Clin Dieu (1)

S’il trébuche, il ne tombe pas car le Seigneur le soutient de sa main.
Psaume 36, verset 24

16h07. Faux-départ. Non, non. Point du tout.
Je suis là trois minutes entre la fin de mes cours et un départ vers les amis d’Emmaüs.  😉

Ce matin, collège, cours, course parce qu’il faut toujours que j’aille plus vite que la musique.
Français, latin, franç…, oups. Une marche, deux et hop trois d’un seul saut.
Chute.

Il aurait pu y avoir une cheville en vrac.
Un bras cassé.
Une tête contre le mur.
Et tous les projets envolés.
Tous-les-projets-envolés.
D’un coup.

Mais non. Le pied a bien volé mais pas plus de deux secondes et s’est retrouvé amorti par un gros sac d’élève placé au mauvais endroit mais qui pour moi, ce matin, ressemblait à quelque chose comme la Providence.
Bref.
Même pas un bleu.
Rien.

J’ai enchaîné calmement les deux dernières heures.
Sans courir.
Je suis rentrée.
Tranquillement.
Et sans me presser, je prépare la rencontre qui vient et celle d’après aussi.
Et je prends même trois minutes ici.  😉

 

Vous savez quoi ?
Mon psaume 36 et son verset 24 aujourd’hui.
Juste en haut de ce billet.

Carême. C’est un peu fou comme ces versets remplissent …mon cœur et Dieu, ma vie.

16h21. Finalement j’ai pris mon temps.

Allez zou…Je file! euh…tranquillement!
bisous!
( J’ai écrit un 1 à côté de mon Clin Dieu parce partie comme je le suis, on ne sait jamais 😉 )

Et même le temps d’une petite photo

Départ

Jésus partit de là pour la Galilée.
Jean 4, 43

Jour 23. Un peu après le milieu du chemin.

Je savais en commençant ces partages de billets journaliers que la seconde moitié serait plus difficile, je vous l’avais écrit.
Départ … pour une dernière semaine plus que remplie au collège avant les vacances, beaucoup de projets avec les élèves, du ciné-club à la célébration de Carême en passant par un grand temps solidaire et un défi théâtre, ces temps ne me laisseront pas de temps au bord de mon chemin, à moins d’y venir très tard et ce ne serait pas du tout une bonne idée. 😉
Départ… pour Lourdes dans une semaine exactement et des jours là-bas remplis de Dieu, de Marie et de tous ceux qui m’accompagnent et seront avec moi et vous vous en doutez un peu, bien loin de tout clavier. 😉
Départ… vers un petit voyage avec mes deux filles pendant la semaine pascale, un cadeau du temps à vivre avec elles. 😉

Mes départs ne peuvent donc plus vous promettre désormais d’être là chaque jour pour ce chemin de Carême, à la lumière de Sa Parole.
Beaucoup de joies et de petits éclats de vie, sans nul doute, mais impossibles à partager quotidiennement.
Peut-être aurais-je le temps de quelques jolis clins Dieu en quelques mots et  quelques photos oui peut-être…, mais, promis, je reviendrai. Après.  🙂

Et c’est drôle parce que l’évangile de ce matin  me redit que ce verbe “partir” va plutôt bien avec notre Carême.
Se mettre en route, faire notre chemin, prendre de nouveaux départs peut-être, aller, suivre Ses pas, quitter les bruits pour le silence… bref, je ne file pas davantage la métaphore, vous devinez.

Merci sincèrement de tous vos messages, vos partages et autres petits signes çà et là. Vos lectures fidèles me touchent toujours infiniment et m’encouragent à écrire encore, surtout lorsque c’est pour parler de Lui, dans tous les petits riens de nos vies.

Puissiez-vous continuer ce Carême dans la joie de Sa Présence parce que peu importe où nos pas nous mènent, Il est là. 🙂

Bonne route, à bientôt,
Corine

 

 

“Mon église, c’est ici.”

Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant :
“Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare : “quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé.”
Luc 18, 13-14

 

C’est peut-être parce que Lourdes est proche mais un souvenir me revient en mémoire à la lecture de l’évangile de ce matin.
.
Une nuit à veiller les malades, je me suis retrouvée avec Danielle, hospitalière depuis 29 ans. C’était ma troisième année et je me sentais juste toute petite face à cette femme qui depuis 29 ans prenait sa cinquième semaine de congés payés non  pas pour partir en vacances au soleil mais pour venir en pèlerinage auprès des malades à Lourdes.
La première partie de la nuit avait été assez difficile. Mais vers 2 heures du matin, tout s’était calmé et nous avions pu nous poser un peu devant un bon café.

C’est à cause de ma petite croix accrochée à mon cou qu’elle m’a regardée en me disant:
– Tu es pratiquante toi ?
J’ai ressenti quelque chose que j’avais déjà ressenti en entrant dans l’Hospitalité sans jamais l’exprimer. La diversité des hospitaliers allant de celui  qui s’investit dans l’EAP de sa paroisse jusqu’au cou à celle qui ne va presque jamais à la messe. Une seule chose semblait les rassembler et créer une vraie communion: cette semaine auprès des malades et les liens que cela tissait entre eux.
J’ai répondu un oui qui lui demandait et toi.
– Non. Non, mon église c’est ici. Ce n’est pas très bien je sais…

Nous n’avons pas pu parler davantage. Une malade insomniaque nous appelait à nouveau. Je n’ai pas pu répondre à Danielle. La fin de la nuit a été très difficile avec une hospitalisation d’urgence.
Nous nous sommes quittées au matin épuisées et muettes quand l’équipe de jour a pris sa relève.
Le lendemain, c’était le jour du départ.

Je n’ai pas revu Danielle l’année suivante. Une opération de la hanche l’avait empêchée de participer au pèlerinage. Ce n’est que deux ans après que nous nous sommes retrouvées à la grotte au tôt du premier matin. Nous n’étions pas  dans la même équipe et nous ne nous étions pas croisées pendant le voyage ni à l’arrivée.
C’est elle qui est venue vers moi me disant sa joie de me revoir et ce petit mot.
– J’ai beaucoup pensé à toi l’an dernier. Je suis heureuse de te revoir.

Cette année-là, on avait presque rendez-vous à chaque tôt de chaque matin à la grotte.
Elle priait là, devant Marie. Sans bruit, sans personne d’autre qu’elle et sa prière. Son église était là. Massabielle.
Son église était là. Dans chaque chambre des malades qu’elle aidait depuis 30 ans.
J’ai eu envie de lui dire que Dieu Lui devait trouver ça très bien. Je n’ai pas osé. Et  puis, Dieu sait bien dire ce qu’Il a à nous dire.

Je pense souvent à Danielle quand je pars à la messe chaque dimanche. Je crois que je l’emmène un peu dans ma prière. Je sais que dans ses gestes auprès des malades dans son métier d’aide-soignante, je suis un peu avec elle, aussi.

 

Dans une semaine, je vais retrouver Danielle et tant d’autres que le service auprès des malades unit. Et je me prends à penser que Dieu aime ces mille visages différents qui l’aiment Lui, chacun à leur façon.
Et ça me rend heureuse, simplement heureuse de vivre dans cette Église aujourd’hui malmenée mais que je sais riche, riche de nous encore.

Jour 22. Chaque jour, je me dis mais que pourras-tu encore écrire demain, le pourras-tu même ? Et chaque jour, un nouveau visage, un nouveau clin Dieu. Que ce Carême puisse encore nous faire regarder mieux, autour de nous. 🙂

 

 

 

 

 

Et…

Dieu …
L’aimer
de tout son cœur,
de toute son intelligence,
de toute sa force,
et
aimer son prochain comme soi-même
Marc 12, 32-33

 

Seigneur,
Tu le sais bien,
mes petites prières s’écrivent avec des “et”
elles additionnent mes intentions
et la ribambelle de ceux que j’aime
et mes mercis
et mes s’il te plaît aussi
et mes pardons si j’oublie
et puis toutes celles et tous ceux que je te confie
et même que pour partir à Lourdes dans 10 jours
j’ai pris mon petit carnet
et comme une petite liste à aimer
j’écris celles et ceux qui me demandent de Te prier
et tous ceux que je ne veux pas oublier.

 

Parce que je le sais bien
T’aimer, c’est t’aimer et aimer.

Bonne suite du chemin de Carême les amis, à aimer comme Lui. 🙂

Au hasard

Le Carême à sa moitié et je ne vous ai pas encore raconté cette chose-là sur ma Bible, Sa Parole et moi.  😉
Voilà. Ça vient de loin, d’un petit jeu d’enfant.

Je fermais mes évangiles.
Je les posais sur mes genoux.
Je fermais mes yeux.
Et je posais une question à Dieu.
J’ouvrais mes évangiles au hasard et je cherchais une possible réponse sur ma page.

Je vous l’ai dit, un jeu de petite fille. Un jeu de petite fille qui, pour ce qui est de la Parole de Dieu, me valut d’ailleurs quelques remontrances lorsque j’eus l’audace de le raconter.
– Ce n’est pas en fermant les yeux qu’on trouve une réponse et pas au hasard comme ce n’est pas en se bouchant les oreilles qu’on peut entendre Dieu…
On voulait, fort justement, me faire comprendre que jamais Dieu n’était là par hasard et me mettre en garde contre un jeu quelque peu superstitieux.

Ce n’était qu’un jeu de petite fille.
J’ai grandi et depuis, toujours lu la Bible les yeux grands ouverts. Pour ce qui est de les fermer, ça ne concernait plus que mes p’tites prières. 😉

Mais de ce jeu d’enfant est restée cette joie, terriblement heureuse, de lire un texte pioché au hasard. Non plus pour y chercher une réponse – et peut-être bien celle que je souhaitais – mais simplement pour lire Sa Parole.
N’importe où.
N’importe où dans Son livre, là où mon doigt se pose, il y a toujours des mots à ‘entendre’.

Alors oui, j’aime encore aujourd’hui ouvrir ma Bible au hasard, y retrouver un passage plus que connu, tombé sur un passage aimé, découvrir même des mots inconnus et certains oubliés.
La familiarité presque, avec Lui, de Le lire ici, ou là.
La familiarité d’un ami qu’on sait là, peu importe le moment et l’heure.

Est restée cette joie de lire un texte pioché au hasard. Peut-être bien parce que peu importe la page, je sais que Dieu, Il y sera.

Comme ce matin.
Mi-Carême, j’ai eu envie de sourire un peu à ce jeu de petite fille.
Mes mains connaissent bien l’épaisseur de ma Bible, ce qu’elle tient en son milieu, l’ordre des livres aussi. Alors sans vouloir tricher, je laisse ma main aller, tourner une page à droite, deux à gauche, recommencer, oublier où je suis, m’arrêter, et lire.
Mon doigt s’est posé.
J’ai lu.


J’ai souri.
Il est des hasards qui n’en sont peut-être pas et ceux-là, je les aime.

Mi-Carême. Que cette pause sur notre chemin nous laisse encore le temps de regarder là où Il peut être, dans tous les petits recoins de nos vies, au hasard de nos rues, de nos pas, de nos sourires, de nos lectures… aussi.  🙂

 

Enseigner

Enseigne-le à tes fils,
et aux fils de tes fils.
Deutéronome 4, 9

 

Le matin encore fatigué a bu son café, lu Sa Parole, vite.
Un peu vite.
Un peu comme un il faut que je La lise.

Textes lus, Bible refermée, prière absente.
Je n’ai rien gardé, pas un mot.
Il y a ces matins-là. Ils existent. Ils font partie de ma vie aussi.

 

Et ce matin fatigué a croisé leurs sourires.
Ceux de mes petits sixièmes qui m’attendaient de pieds fermes avec un “Madame le président vient chez vous demain !” Ils m’ont raconté le journal du matin que je n’avais pas ouvert, la petite ville où ils savent que j’habite et sa visite présidentielle. On a pris le temps de parler de la vie au-dehors de la classe. C’était bien. Enseigner, c’est ça aussi. Prendre du temps pour écouter ce qu’ils ont à me dire.

Et ce matin fatigué a croisé leurs sourires.
Ceux de mes latinistes qui revenaient de leur voyage Outre-Manche. “M’dame, on a vu Bath oui !” On a raconté encore une fois les thermes, même si ce n’est pas au programme cette année. On a pris le temps de parler de ce qui peut les intéresser, des Romains et de leurs drôles de coutumes. C’était bien. Enseigner, c’est ça aussi. Prendre du temps pour écouter ce qu’ils ont à me dire.

Et ce matin fatigué a croisé leurs sourires.
Ceux des futurs communiants en grand temps fort… tout l’après-midi.
– Corine, on a trouvé la réponse, c’est la jeunesse et l’apo… l’apo quoi déjà ?
– …clipse!
– ah oui l’apo qui clipse… c’est ça : la jeunesse et l’apoquiclipse.
Ils m’ont rebaptisé, dans le grand jeu de la Bible que j’animais, son premier et son dernier livre.  😉
J’ai vraiment ri ! J’ai pris le temps de leur expliquer les mots compliqués au soleil d’une grande cour de récré. C’était bien. Enseigner, c’est ça aussi. Prendre du temps pour écouter, dire, écouter encore.

 

Ce matin encore fatigué a bu son café, lu Sa Parole, vite. Trop vite. Presque obligée.
Textes lus, Bible refermée, prière absente.

Et la journée m’a offert leurs sourires, en minuscules petites prières.

 

Je viens de rentrer.
J’ai ouvert ma Bible. J’ai relu. Tranquillement.
Fatiguée et paradoxalement reposée.

Il était là, au creux de tous les textes du jour. Le mot à retenir, le verbe de ma vie. “Enseigner”
En classe, en caté, en Église.
Prendre le temps d’être avec eux, les écouter, les faire grandir, au rythme de Sa Parole.

Carême. Jour 19. Qu’à mi-chemin, nous puissions encore nous arrêter pour lire, nous laisser enseigner et vivre de Son Verbe.  🙂

 

 

Multiplication

– Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi,
combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ?
Jésus lui répondit :
– Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois.
Mat 21, 21-22

 

Je crois bien que c’est l’opération préférée de Dieu la multiplication.

J’attendais mon deuxième bébé, il grandissait doucement en moi et peu à peu mon inquiétude aussi. – Comment vais-je faire pour l’aimer autant que mon premier enfant ? C’est drôle les questions qui viennent parfois. Petit Pierre posé sur mon ventre, j’ai senti mon amour non pas se diviser en deux, mais grandir d’un seul coup.
Amour multiplié.

Il y a bientôt 25 ans de mariage et 28 ans de “vie commune”. – Comment vais-je faire pour l’aimer toute ma vie ? C’est vrai les questions qui viennent souvent. Et notre route faite de tant de petits pardons donnés et reçus, multipliés pour s’aimer comme nous sommes, s’aimer davantage encore et s’aimer vraiment.
Amour multiplié.

Il y a les autres, les élèves, les collègues, les bénévoles avec qui je m’active, les copains de la paroisse, les amis et ceux que je croise au bord de mon chemin. Comment vais-je faire pour les aimer justement ? C’est tout le temps ces questions dans les heures de ma vie. Et tous nos petits gestes, nos sourires, et nos pardons aussi pour avancer et grandir ensemble sur un bout de nos chemins.
Amour multiplié.

Je crois bien que c’est l’opération préférée de Dieu la multiplication. Il ne divise ni ne soustrait ni n’additionne simplement. Non. Son amour ne compte pas en vérité et il nous montre le chemin d’un cœur qui grossit, déborde, se remplit. Un cœur qui aime.

Carême, jour 18: je vous souhaite des heures à multiplier vos pardons, vos mercis, vos je t’aime. 🙂

Impossible

“Car rien n’est impossible à Dieu”
Luc 1, 37

 

Il y a méprise souvent pour ceux qui ne croient pas en Dieu.
Ton Dieu qui sait tout, qui fait tout, qui est tout, de l’impossible d’une conception virginale à cette impossible résurrection de la chair, comment peux-tu croire à des histoires pareilles ?

Je souris.
Pas de mépris oh non, non. Jamais. Je crois même que je peux les comprendre. Mais je souris parce que je ne peux rien expliquer. Rien. Impossible pour moi.

Pourtant l’impossible, ce n’est pas Dieu fait chair des entrailles d’une vierge.
L’impossible, ce n’est pas l’Ange qui répond:
« L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut
te prendra sous son ombre ;
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,
il sera appelé Fils de Dieu.
    Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente,
a conçu, elle aussi, un fils
et en est à son sixième mois,
alors qu’on l’appelait la femme stérile.”
L’impossible, ce n’est pas Jésus qui guérit.
L’impossible, ce n’est pas la résurrection du Christ.
L’impossible, ce ne sont  pas les derniers mots de mon Credo.

 

Il y a méprise oui. L’impossible, ce n’est pas tout ce que la plupart juge impossible.

L’impossible pour moi, c’est comprendre comment Dieu aime d’une façon…impossible !

“En grandeur, en largeur, en profondeur, en résistance, au-delà de nos dégoûts, Il aime tous les hommes, tous, chacun, sans exception, même celui qui nous semble le plus abject.”
Le père Vianney, à l’abbaye ce week-end, nous l’a redit encore. De ses mots simples, il m’a redit cet impossible à saisir.
Un amour aux dimensions impossibles !

Aimer comme Il nous aime, voilà bien ce qui devrait interroger mes contemporains bien plus que tout le reste.

Oui, je crois que mon impossible à comprendre est là:
Rien n’est impossible à Dieu quand il s’agit du verbe aimer.

 

Aujourd’hui, notre temps de Carême fête l’Annonciation du Seigneur. L’occasion de nous redire combien cet amour impossible peut faire déborder nos capacités à aimer et nous faire dire ‘oui nous aussi, nous pouvons aimer’ si on ose, un peu, se laisser remplir de son feu…nous aussi.  🙂

Jour 15

“Souvenez-vous des merveilles
que le Seigneur a faites.”
Psaume 104

Jour 15. Ce Carême avance, doucement. Il prend un peu son temps aujourd’hui, le café embaume la maison, la Bible cherche la traduction d’un mot hébreu, le soleil frappe au carreau. On dirait un petit atelier sur cette table de cuisine encore encombrée d’un soir plus qu’une petite prière du matin. Je souris. Les merveilles du Seigneur ressemblent à un vendredi qui se lève sur Sa Parole, réconfortante.

Jour 15. Ce Carême avance, doucement. Il sait les heures qui bientôt vont se remplir de collégiens. Fin d’une semaine un peu particulière où les grands partis en voyage scolaire, nous avons monté des projets avec les plus jeunes. Autres horaires, autres regards. Je souris. Les merveilles du Seigneur ressemblent à cette petite qui ne dit pas un mot d’habitude et qui se révèle sur une scène de théâtre.

Jour 15. Ce Carême avance, doucement. Il sait les difficultés de mon Église. Fin d’une nouvelle semaine encombrée de mots, de décisions, de commentaires. Mais il sait  lire l’humour d’une religieuse ici, les paroles de confiance d’un prêtre là. Il sait surtout que l’Essentiel est dans nos vies, sur nos routes, pas dans les effets d’annonce ni les grands discours. Je souris. Les merveilles du Seigneur ressemblent au p’tit mot de Sœur Marie “Bon Car’aime Corine”.

Jour 15. Ce Carême avance, doucement. Il prépare son sac à dos, un cahier, un bouquin, ma Bible. Après la classe, direction l’abbaye. Un début de week-end comme une jolie pause. J’ai dis oui à une proposition de ma paroisse: 24 heures ensemble à prier et parler de “Joie et d’allégresse”, ça tombe plutôt pas mal. Je souris. Les merveilles du Seigneur ressemblent à cette Église que j’aime: petite communauté qui se retrouve encore, retrouvailles et partages avec l’ami prêtre autour d’un dîner de samedi.

Jour 15. Ce Carême avance doucement. Il sourit parce qu’il ne reviendra pas avant lundi. Les merveilles du Seigneur ressemblent parfois au silence d’une page blanche.  😉

Que ce Carême soit aussi l’occasion de petites pauses, autrement.
Pour d’autres regards, pour d’autres rencontres. Pour se “changer” un peu, aussi.  🙂

Sans croire

Abraham répondit :
“S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,
quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :
ils ne seront pas convaincus.”
Luc 16, 31

Je me suis dit en partant ce matin que c’est sur cette Parole que j’écrirai aujourd’hui parce que je l’aime vraiment cette Parole d’Abraham, elle dit tellement ma Foi dans l’aujourd’hui et l’incompréhension qu’elle suscite.

Croire à la résurrection d’entre les morts. Sur Paroles.

Et puis, je me suis un peu laissée aller sur l’actualité. Heureusement, le collège m’a happée pour  une belle journée de répétitions de théâtre me faisant oublier l’actu. C’était bien. En rentrant, j’ai retrouvé des mots vains pour convaincre qu’avoir la Foi ça n’était pas un truc de cerveau vide.
J’ai tout éteint.
Je crois que j’étais un peu agacée.

 

Il y a eu l’appel de Marie-Thé et un truc à faire pour Lourdes, un nouveau livre reçu, cadeau de mes enfants, le sourire est revenu. L’essentiel est là. Il y a toujours quelque chose de joli pour me le rappeler.

Le temps du bureau, les cours, les préparatifs pour un demain qui file dès la sortie du collège vers un 24h à  l’abbaye, la joie encore.
Et puis, la lecture de mes mails.

Et j’ai ouvert celui d’Hélène.
Je me suis dit que là, il y aurait mieux à faire, que le reste n’était que du bavardage. Plus d’importance.
L’amie aime m’écrire, beaucoup, depuis que son compagnon est très malade.
Cancer en phase terminale.
Soins palliatifs.

C’est plus que rude. Ça n’a même pas de nom tellement c’est rude.
Ça ne peut pas s’écrire, ça ne fait qu’étrangler la gorge.

Alors elle vient m’écrire des pages Hélène pour laisser aller ses tristesses et ses joies, sa peine, ses souvenirs, ses pourquoi.
Elle ne peut plus parler. Elle écrit.
Je connais bien ça, elle le sait, alors elle m’écrit. Elle m’écrit encore.

Je lui réponds des paroles d’amie, des mots doux, des phrases de Jésus.
Elle me dit à chaque fois qu’elle aime bien me lire, tout lire.
Alors je continue.

Je lui raconte mon Espérance,  la mienne, celle des Chrétiens, mon Credo de catholique.

Hélène ne croit pas en Dieu.
Elle n’y croit pas davantage depuis qu’elle sait que son amour va la quitter. Elle n’y a jamais cru. Elle me dit que la mort c’est pour toujours.

Hélène ne croit pas en Dieu et je n’y change rien même si on est amies depuis très longtemps. Mais elle aime mes paroles d’amie, mes mots doux, mes phrases de Jésus.

Voilà. Et Abraham, c’est vrai ce que tu dis. C’est ainsi.
Mais Tu vois Seigneur, Hélène elle termine toujours ses mails par cette phrase:

” Continue Corine à me raconter, continue, ils me font du bien tes mots.”

Ce n’est pas important pour moi qu’elle ne croit pas, je ne cherche pas à la convaincre, de quel droit, pourquoi, comment. Je ne sais pas faire ça. Je sais juste les paroles d’amie, les mots doux, les phrases de Jésus.

Alors je continue.
Je suis là.
Comme ça.
Et Hélène m’écrit que ça lui fait du bien.
Sans croire.

Et nos petits chemins de Carême pour être là, c’est tout.