Et vous ne saurez ni l’heure ni le jour

Samedi 15h00
Nous avons terminé quelques achats pour le dîner avec ma grande fille. Un petit tourbillon de joie, déjà, dans les rues, avec elle et ses sourires. Après un matin et un midi à regarder le temps compté pour tout préparer, nous voilà presque prêts.
15h45
Nous sommes partis sous le grand soleil du jour, Jésus au profond de nos cœurs.
16h00
L’église se remplit, avec plein de douceur. Les amis sont là. Les enfants. Les fragiles aussi. Ceux pour qui il faut du temps.

 

19h15
Nanou a appelé pour me souhaiter un joyeux jour de résurrection. J’ai écouté ses mots qui eux aussi ont emmené le petit groupe d’adultes handicapés dont elle s’occupe, à l’église de sa paroisse, à 16h30.”C’est la première fois qu’ils pouvaient veiller, le soir ce n’est jamais possible.”
Huit grands garçons et filles qui demandent des heures avant d’être prêts et qui, passées 20 heures, sont déjà très fatigués.

Dimanche 15h00
Un petit tour sur les réseaux qui s’enthousiasment de la veillée de 6h30. J’aurais bien aimé la vivre.
Un vieil ami  prêtre m’envoie un “Joyeuses fêtes de Pâques”. Et me raconte un peu son matin.
C’est beau.
Je luis dis que finalement je suis un peu triste d’avoir manqué ça.

“Manqué quoi ? ”
Il éclate de rire.
“J’espère bien que tes réseaux se sont davantage réjouis de Sa Résurrection que de l’heure d’une veillée ! “

Et soudain, ça va mieux.

Oui 6h30, c’était bien. Et mon 16h30 aussi. Et ceux du dimanche 9 heures, 10 heures, 11 heures, tout autant.
Peu importe l’heure.
Il est ressuscité. Alleluia !

 

J’ai eu un instant comme l’impression que cette année l’heure avait compté bien davantage que Son Temps.
Mais non. Bien sûr que non.

Et de ces histoires d’heures, je garde Ses mots retrouvés – comme un clin Dieu – sur une vieille lettre.

“Tu peux L’attendre chaque jour, c’est-à-dire qu’Il soit dans ton cœur chaque jour, chaque instant, car pour ce qui est de l’heure ou du jour, nul ne sait. Mais Il est là, déjà là. Ne l’oublie jamais.

🙂

Le temps de sa croix

Je crois toujours que le Carême sera long et puis j’arrive au seuil de la Semaine Sainte l’instant d’après.

Je crois toujours qu’ici je n’y arriverai pas, 40 jours, quelle idée. Ecrire un petit texte chaque jour.
En vérité, j’y suis arrivée, souvent.
Pas cette année.

 

Du jour 25 à aujourd’hui, j’ai laissé filer le temps.

Le temps qui se resserre. Le temps qui s’approche. Le temps qui s’essouffle aussi.
Et je ne l’ai pas pris ce temps de venir chaque jour.
Mais pas de regrets non. Il reviendra peut-être.

 

Le temps est ailleurs depuis plus d’un an. Le temps est autrement. Le temps est différent aussi.
Et il y a eu tellement d’heures devant l’écran de l’ordinateur – il y en a encore pour suivre mes élèves – que j’ai moins hâte il est vrai de venir ici.
Mais pas de regrets non. Il reviendra sûrement.

 

Le temps me dit “plus que quelques jours encore plus proches de Lui.”
Semaine Sainte, les mots écrivent tant de souvenirs. Tant d’images. Tant de parfums. Des rameaux, des cierges qui s’allument, de l’encens, des lumières et  des pénombres dans les églises de ma vie, des feux de joie, des Allé…non, je garde encore le mot. Trop précieux.

Le temps a l’allure d’une croix parfois.
Ces derniers temps à le confiner entre des heures autorisées. Celui de celles et de ceux qui comptent des jours avant que le temps change enfin ou ne comptent plus parce qu’il n’y a plus le temps.

Le temps a l’allure de ta croix Seigneur.
Et je vais la garder au creux de mon cou, au plein de mon cœur.

 

Merci de votre patience chers amis.

Je reviendrai pour des petits bouts de vie, à Sa Lumière. Promis.
Belle, belle Semaine Sainte.

Corine

 

De la tête aux pieds – 25

Jour 25

Mercredi non stop, ça arrive parfois. Cours toute la matinée, déjeuner sur le pouce, direction centre pastoral pour un après midi d’animation et de rencontre avec les futurs communiants. Masques, gel hydroalcoolique, désinfectant mais tant pis, enfin!! nous pouvons nous retrouver. Il fait soleil alors avec Isabelle et Claudine, nous avons installé notre grand jeu sur la Bible dans la cour. Et c’est parti. Trois heures à découvrir la Bible, des questions, des mimes, des chants. Leur bonne humeur, leur spontanéité, leur 9 ans pleins de vie, d’espoir, d’avenir.

Et ce petit moment pour ma petite croix du jour. Mes petites croix même.
Grand jeu un peu chasse au trésor. On parle Bible, ancien testament, Hébreux. J’explique. On parle évangile. On cherche les évangélistes, leur prénoms. On parle nouveau testament. Je raconte. On cherche, ils trouvent.
Et puis, cette petite soudain:

-Ah oui c’est ça l’évangile à la messe ! On fait des petites croix sur le front, sur la bouche, sur le ventre… euh non… le cœur.
-Bravo  ! 

Mon enthousiasme fut à la hauteur de sa réponse à ma question qui lui demandait pourquoi.

-Parce que Jésus on l’aime de la tête aux pieds !

 

Jour 25.  Carême. Parce que Jésus je T’aime de la tête aux pieds.  😉

à demain, Corine

 

 

 

 

Prière en croix -24

Jour 24

 

Il y a des matins où la prière semble loin, lointaine, aride.
Et il suffit d’un signe de croix pour avoir l’impression de sentir Sa main guider la mienne.

 

Soutenir mon front
Aider mon regard
Aimer

                                                                      Toucher mon cœur              Le laisser aller

 

 

Me nourrir de Lui
 Me tourner vers eux
Oser

 

 

à demain 🙂

Corine

Sa croix – 23

Jour 23

 

On était ressortis après le dîner. On nous avait dit d’être prudents quand même. On l’avait été même si Jérusalem, là où nous étions, ne craignait rien.
La petite boutique était encore ouverte. Il y avait vu de jolies petites croix. Il en a acheté une. Simplement. Et elle ne l’a jamais quitté depuis.

C’est étrange. Nous nous sommes rencontrés il y a bientôt 30 ans. Je portais ma médaille de baptême. Depuis toujours. Quelques années plus tard, il m’a offert une toute petite croix en or. Simplement. Elle ne m’a jamais quittée depuis.

Il m’avait dit alors: – oh tu sais moi, les croix, non, ce n’est pas pour moi.

Octobre 2017. On était ressortis après le dîner. Prudents, nous étions rentrés assez vite. J’aurais aimé rester encore dans les parfums de Jérusalem. La petite croix en bois au creux de sa main, le temps qu’elle soit bénie. Elle ne l’a jamais quitté depuis.

 

Jour 23. Il y a toujours un moment de chaque Carême qui me redit combien il est là, celui qui marche à mes côtés, tout près, avec Dieu. Et me parle de nos petites croix, ensemble.

Croix de mains -22

Jour 22

Oups. Deux jours sans petite croix mais rempli de Dieu… et me revoilà 😉

 

“Curieux retournement de Carême.
J’avais décidé de vous parler de nos mains et celles-ci ne peuvent plus se rencontrer, se toucher, se raconter.
Elles ne peuvent plus parler.
Mais ils restent nos mots. Dits, écrits, reçus, envoyés, partagés, entendus, lus.”

J’ai retrouvé ces mots-là d’il y a un an tout juste. Pas spécialement envie de fêter un anniversaire de confinement-déconfinement-reconfinement mais plutôt l’envie de raconter ces mots-là, partagés ce vendredi 13 mars 2020.

Vendredi 13 mars 2020. L’emploi du temps se chamboule en fin de journée pour dire au revoir à nos élèves, les aider à prendre tout leur matériel, vérifier les codes pour se connecter à distance, rassurer du mieux que nous pouvons les inquiétudes, répondre aux questions dont on n’a pas de réponses. Dans une heure, on se quitte et on ne sait pas trop pour combien de temps. Confinés.

Vendredi 13 mars 2020. Mon groupe de caté de 5ème n’a pas caté ce jour-là. On se retrouve quand même 15 minutes avant la récréation. Des questions, beaucoup d’inquiétude. 

 – On peut prier non ?

– On se fait une croix de mains ? 

C’est drôle d’y repenser aujourd’hui. On pouvait se toucher.

 

Alors quatre par quatre, on s’est fait des croix de mains. En forme de prières. Notre Père. Nos yeux fermés et nos mains qui se tiennent du bout des doigts. Et on s’est dit à bientôt sans idée sur le temps que durerait ce bientôt.

 

Jour 22. Je me souviens avoir pensé souvent, pendant le premier confinement, à leurs croix de mains.
Ils m’ont aidée à prier. Les enfants, les jeunes, mes élèves  m’aident toujours à prier.

 

Bon 4ème dimanche de Carême dans la Joie !

à lundi…enfin j’espère !  😉

Corine

 

 

Crois-tu ? – 19

Jour 19

 

– Vous savez, moi, je ne crois pas…

Ce n’est pas toujours difficile. Ce n’est pas souvent impossible. Ce n’est pas simple mais rencontrer quelqu’un qui ne croit pas – pas quelqu’un qui affiche comme un étendard le mot athée, pas quelqu’un qui me mettrait vite dans la case naïve ou grenouille de bénitier sans me connaître, pas quelqu’un qui me regarderait de haut ou ne me regarderait même pas. Non. Quelqu’un qui même s’il ne croit pas en Dieu veut bien accepter que je puisse croire en Dieu. Alors, ce n’est pas toujours difficile de parler de Dieu avec lui. Ce n’est pas vraiment impossible non plus.
Et il y a ce moment où il répète doucement:

-Vous savez, moi, je ne crois pas…

Il y a même eu aujourd’hui comme une excuse dans sa voix, une excuse de ne pas croire ou de ne pas pouvoir croire.
Alors, j’ai souri :
– Ce n’est pas grave. Cela ne change rien.
Un ce n’est pas grave qui dit aussi que je m’en fiche qu’il ne croit pas, que ça ne changera vraiment rien à ce joli projet.
– C’est vrai ! …

Et, ce soir, en y repensant, je me dis que si Dieu est là comme je le crois, Il n’en voudra à personne de ne pas croire en Lui.
Et moi qui ose dire je crois, à Qui je crois, à Toi …crois-tu ?

 

 

Jour 19 –  Bonne soirée, à demain, Corine

Croix d’enfant – 18

Jour 18 

 

Cette croix.
Rapportée de Lourdes, d’une des boutiques qui s’étalent autour du sanctuaire et dont on peut moquer facilement les pacotilles, le plastiques des bouteilles en forme de Sainte Vierge qui rapporteront de l’eau, les bonbons trop sucrés en forme de cailloux.
Rapportée de Lourdes, d’un de ces lieux colorés, bruyants, sans doute plus soucieux des bénéfices de l’argent que de la prière. 
Rapportée de Lourdes, sans autre valeur que celle d’avoir été offerte par un petit bonhomme malade qui voulait me remercier des heures partagées à le pousser dans le sanctuaire à bord de sa petite voiture, des nuits à veiller sur son sommeil agité, des prières partagées tous les deux à la grotte.
Prières d’enfant, les plus belles, les plus profondes, les plus vraies.

 

Cette croix.
Plastique, arc-en-ciel fluo, peu importe. Merci les boutiques qui donnent à beaucoup un souvenir, une image, un petit rien qui fera tant au retour à la maison.
Cette croix.
Plastique, arc-en-ciel fluo, une de mes préférées.

Jour 18 –  Puisse ce Carême nous tourner vers les plus petits, sans mièvrerie, sans naïveté mais aussi sans prétention, et bien au contraire, découvrir auprès des enfants les petites prières du cœur.

à demain, Corine

 

 

Des signes – 17

Jour 17

Se lever avant que le jour se lève. Le café, un peu vite fait. La page de ma Bible,  un peu trop rapide.

L’heure est aux cahiers, aux copies que je rendrai tout à l’heure et que je vérifie une dernière fois, à mon cartable.
C’est toujours un peu étrange mon temps de professeur, comme hachuré à l’encre bleue avec de grandes périodes de classe qui alternent avec de longues périodes de vacances. De belles pauses chanceuses pour s’arrêter et voilà un rythme familier à reprendre et qui semble s’oublier à chaque fois.

Se lever avant que le jour se lève, savourer la douceur des silences.  J’ai toujours cette impression que le monde endormi prend le temps d’écouter Dieu.

Alors, prendre le temps d’une petite prière, celle qui écrira en mercis les projets, le courage, mes élèves.
Comment vais-je les retrouver ?

 

Prendre le temps de T’écrire un peu, et ce Carême qui continue.
Bientôt à sa moitié, qu’en ai-je donc fait dis Seigneur ?

Un oiseau chante, le chat se frotte à mes jambes, le soleil va bientôt se lever.
Je souris. Je crois à la vie.

Et tracer lentement, avec la main qui caresse Ton espace, le signe de Ta Croix.

 

Jour 17. Bonne journée les amis, à demain,

Corine

 

 

Une croix des vignes – 16

Jour 16

Je l’ai toujours connue là, posée sur le dessus de la vieille cheminée du logis Saint-Benoît. Une sœur, un jour, l’avait ramassée dans les vignes voisines je crois et avait rapporté sa trouvaille. Une croix de vigne. Un cep en croix.

Quand j’emmène mes collégiens pour 24 heures en monastère, ils débarquent toujours heureux dans la grande salle, admirent très vite la grande cheminée qui servira à la veillée et aux chamallows grillés mais ne remarquent pas toujours d’emblée le cep en croix, juste posé là, qui veille.

Je me souviens pourtant d’un jour, ou un soir plutôt. Les jeunes s’installaient à l’étage et descendaient dans la salle les uns après les autres. Elle est descendue la première. Elle a regardé la cheminée puis m’a demandé:
– Madame c’est quoi ça ? désignant du regard le cep de vigne.

Plutôt que lui répondre, je lui ai retourné la question:

– Tu en penses quoi, c’est quoi pour toi ?

Et j’ai aimé sa réponse.

On dirait un homme…un homme qui s’avance, qui tend les bras et ses bras qui dansent peut-être…
– Un homme bien vivant donc…?
– Ah ça oui ! Pourquoi ?

Je crois lui avoir parlé de la croix ensuite. Doucement, car ses mots avaient vu la vie et non la mort. On s’était dit que ça allait bien ensemble, une croix vivante, une croix du ressuscité.

J’ai toujours gardé ses mots. Un homme tellement vivant que ses bras tendus dansaient.

 

Jour 16. Que ce 3ème dimanche de Carême puisse montrer une Eglise vivante. 
Et une pensée ici aujourd’hui pour le pape François en voyage en Irak, et ses mots de vie, de paix et d’espérance. 

à lundi !

Corine