Vent frais, vent du matin

Jour 3

La chanson est partie presque toute seule.
Il suffit de décembre, d’un calendrier de l’Avent, et surtout d’un temps tout glacé, tout vif, tout neuf, arrivé sans prévenir ce lundi matin à l’ouest.
La collègue est sortie de sa voiture en même temps que moi, un petit bonjour et un ” mais quel vent glacial ce matin” a suffi. La chanson est partie de nos deux voix, presque toute seule.
“Vent frais, vent du matin…”
Dix mots à peine et on a cessé notre petite ritournelle en poussant la porte d’entrée du collège mais je crois que l’effet était là.
Un peu de joie complice d’un tout petit instant. On était en décembre. Enfin.

Et je me suis rappelée l’espace de cet instant les canons de mon autrefois de petite fille, ceux qui démarraient en cacophonie au début des premières répétitions de décembre et se terminaient debout, droit comme des i, heureux et fiers d’entonner un chant à trois, quatre, parfois même cinq groupes de voix différents.  J’ai toujours aimé ça, les canons. Il n’y avait pas seulement un chœur à l’unisson, on pouvait parler de cœur je crois. Quelque chose se passait chaque fois que l’on chantait ensemble, veillant à bien rester dans son groupe, à ne pas se laisser troubler par les voix différées et à arriver au bout, ensemble.
J’ai appris “vent frais, vent du matin”, petite. Je me souviens qu’on répétait parfois à la  récréation parce qu’au dehors il tempêtait ou il pleuvait trop et il devenait très dangereux de nous y laisser courir. Le soir, celui juste avant les vacances de Noël, on offrait un petit concert à nos familles. Les canons faisaient leur effet. C’était beau et on était heureux.

La chanson est partie presque tout seule.
Je l’ai gardée toute la journée, c’est toujours comme ça avec la première chanson du matin, pas vous?
Je me suis rappelée les canons de Noël et la joie d’être ensemble.

 

Jour 3
Peut-être bien que l’Avent a quelque chose de ce “vent frais, vent du matin” en canon: plusieurs voix sur le même chemin mais pas toujours en même temps. Et au final, ça donne quelque chose de beau, tout ce qu’on vit chacun de notre côté mais dans ce même temps d’Avent, comme ensemble. Un calendrier et un temps liturgiques qui nous redisent que beaucoup d’autres sont aussi sur ce chemin, comme nous.

Seigneur, aide-nous à cheminer à notre rythme sur cet Avent qui commence, peu importe les différés, les “en avance”, les “en retard”. Fais que nos voix, nos pas, nos cœurs, se retrouvent au bout du chemin. Pour du vraiment Beau.

 

 

Je n’ai pas résisté à vous partager la version de Cécile Corbel, une belle artiste à écouter.  🙂

Quel bon vent t’amène ?

Jour 2

“Oh… quel bon vent t’amène ?”
J’ai entendu ses pas puis la porte se refermer, son rire déjà, le manteau qu’elle lui tendait en lui demandant si j’étais bien là.

 

C’est un week-end qui avait commencé dès le vendredi soir, à peine arrivée à la maison, par des petits tours au sous-sol pour remonter les décorations. Les sacs empilés, l’arbre de Noël, la boîte précieuse pleine de santons. L’Avent enfin, on y était. Un samedi rempli d’or et de rubans à décorer, bricoler, partager, à filer même au soir vers la messe anticipée. Un dimanche matin prête de trop bonne heure pour aller installer la salle, et le grand tapis à dérouler, et les étoiles à préparer pour les tout-petits et leur premier dimanche de l’Avent. Il y avait même ce théâtre programmé aussi dans l’après-midi, peut-être bien qu’on va dire non cette fois et rester à se poser, reposer un peu. Un début d’Avent qui voulait mettre du doux et du sucré et seulement ça, dans le gris des actualités, dans le difficile des heures.
– Cet après-midi, je reste là, au chaud, c’est décidé. Quelques cours, quelques copies, et puis un chocolat chaud avec un bon petit film de Noël comme je les aime.
Une pause, un creux de dimanche après-midi de décembre, auprès d’un feu à rester tranquille, à bouquiner, écrire et corriger, et regarder une guimauve aussi.
Tranquille. Décidément ce mot en ce début d’Avent me suit et me fait des clins Dieu.
Tranquille ?

 

La sonnerie de la porte d’entrée a retenti. C’était sûrement pour lui, un voisin qui avait besoin d’un coup de main, une annonce à faire passer dans le journal. Pas très envie d’être dérangée.
Je n’attendais personne.
Mon chocolat chaud, mon plaid, mon film guimauve, je n’ai pas bougé de mon canapé.
Je crois bien avoir murmuré un petit zut tout bas, zut d’être dérangée. Je n’aime pas vraiment les moments improvisés… surtout ceux que je n’ai pas décidé.

“Oh… quel bon vent t’amène ?”
J’ai entendu ses pas puis la porte se refermer, son rire déjà, le manteau qu’elle lui tendait en lui demandant si j’étais bien là.

La  surprise. Elle était là, pour moi. Des nouvelles. Son rire pour cacher ses moments difficiles et le même pour raconter les petits jolis de sa vie. Trop petits. Ce début d’Avent me racontait un peu l’amer, ce qui fait mal aussi, ce que je n’avais pas eu très envie d’entendre venait à moi. Deux heures, un peu plus même. – Je passais par là entre Angers et Nantes, je me suis dit…
Comme tu as bien fait.
Pas de copies, pas de film mais deux chocolats chauds. Une douce parenthèse pour elle. Un vrai répit pour moi. C’était bien. Ce n’était pas tranquille mais c’était bien.

 

Seigneur, il est des vents que tu nous souffles parfois. On n’avait pas prévu d’être dérangés pourtant. On voulait même un peu de repos. Un Avent pour poser du doré sur les gris et ne plus les regarder, ce serait bien de moi parfois, Tu ne T’y trompes pas.

 

Jour 2.
Peut-être bien que l’Avent nous souffle ce vent-là, celui qui nous rappelle d’être bien là, dans cette joie d’être dans le monde et pour lui et pas dans un semblant de joie factice faite de rubans dorés et de papiers mâché.
Et si l’Avent nous invitait aussi à oser chaque jour un… Oh Seigneur, mais quel bon vent T’amène ?

 

Dès que le vent soufflera

Un nouvel Avent commence. Cette année, un peu bizarrement, j’y ai entendu ce drôle d’ à vent  , une trop belle occasion de décliner tous Ses souffles, ceux de nos quotidiens, ceux de ma Bible, ceux de nos vies à la lumière de La sienne, donnée.
J’essayerai de poster mon billet chaque matin. Merci déjà de vos passages, de vos lectures et de vos mots en retour, de vos partages aussi.

Belle entrée en Avent à toutes et tous !  🙂

 

Jour 1

Pas de Dockside ni de ciré jaune, pourtant le parvis de l’église ressemblait à s’y méprendre à un petit port de pêche des bords de l’océan dès que le vent souffle : le vent de galerne, froid et humide, qui décoiffe avant d’embarquer dans la nef, le samedi soir et ses 18h30 qui sonnent la messe anticipée, les visages amis de ceux qui ne peuvent pas venir dimanche et les habitués.

– Mais tu n’y vas pas demain ?
Avant de partir, il m’a fallu expliquer un peu. Bien sûr que si j’y serai dimanche. Ce dimanche, premier de l’Avent, m’attend. Les tout-petits aussi, avec Annie, pour une rencontre d’éveil à la Foi.
– Si, si… mais j’ai bien envie de vivre une messe … tranquille !

Tranquille. L’adjectif m’a fait sourire en le disant. Il n’y a rien de moins tranquille qu’une messe je crois tellement Il vient nous remuer au-dedans. Tranquille impatience surtout… d’entrer en Avent dès le soir!  bref, je ne croyais pas si bien dire.
C’était sans compter sur tous ces vents qui décoiffent.

 

Sur la petite route dans ma campagne vers l’église déjà, les coups de vent ont fait naviguer l’auto dans les nombreux virages. Je connais bien cette vallée sinueuse et ses coteaux secs. Prudente, j’ai veillé.
Sur le parvis, de plein fouet tous les courants d’air, pas d’iode ni d’embruns mais nos sourires qui s’empressent de maintenir la porte ouverte. Il faudra y veiller.
Sur le banc de la petite église, Abel, mon parrain hospitalier, est là; on ne s’est pas vus depuis longtemps: un p’tit vent doux venu de Lourdes, les nouvelles, ses attentions, tu viens bien en avril ? Il veille.
Sur les pages d’évangile, le Souffle de ses mots. Tiens-toi donc prête ! Veille !

Les vents soufflent, décoiffent. Suis-je prête ?

Bien sûr qu’elle souffle cette joie en ce début d’Avent lorsqu’elle emporte le cœur, le soulève, l’ouvre en un peu plus grand, fait qu’on ose prendre ce chemin de conversion et l’envie d’avancer, de goûter Son espérance, nous poussent,  vraiment. Il décoiffe, Il bouscule, Il chamboule. Même sans Dockside, même sans ciré jaune. Amarrés comme on peut à nos certitudes, à nos habitudes, à nos  conforts, sait-on nous laisser conduire, saura-t-on encore marcher à la lumière du Seigneur ? Son vent se lève et nous relève mais il est rude souvent. Il va nous pousser, nous griser peut-être, nous empêcher de nous endormir. Il faudra veiller. Entrons en Avent comme on prend l’air du grand large.

Que ce premier jour d’Avent vous embarque…  parce que, oui,  Son vent soufflera. 😉

comme le p’tit marin, dernier arrivé de ma crèche…

Trop en Avent ?

Ça a commencé par un lundi matin à les retrouver et comme d’habitude à regarder un peu ce qui nous attendait pour cette semaine.
Des conjugaisons, des expressions au sens figuré, de l’écriture et de chouettes lectures aussi. Et là, en tournant les pages de son agenda, il y en a un qui a dit”la semaine prochaine c’est décembre !… et dans un mois, c’est Noël !” et un autre qui en a profité pour raconter son calendrier de l’Avent en chocolats quand j’ai eu le dos tourné parce que visiblement il y avait un peu de bonne humeur derrière moi, ça, je l’ai bien senti.
Comme j’ai souri en me retournant, il y en a une qui s’est enhardie:
-M’dame on aura un calendrier de l’Avent en français ?
– Peut-être, si vous le voulez…
– Avec des chocolats !!!???
– Non.
– Pas avec de la conjugaison quand même ???
– Non, non.
– Avec des jolis mots alors ?
– Si vous voulez, oui.
– Bah oui on veut bien !

Voilà.

 

Sur ma route en rentrant à 10 heures passées, j’ai fait les comptes.
– Un calendrier de l’Avent avec mes catés, ça c’est prêt.
– Un autre à préparer de petits mots doux à envoyer chaque matin sur la messagerie celle avec mes enfants: à faire.
– Un autre à déposer au pied de ma crèche parce que je ne peux pas m’en empêcher, trouver un Psaume, l’idée de Marine l’an dernier était vraiment très chouette: à faire.
– Un encore à terminer celui pour Mona à coudre et décorer pour que sa mémoire se souvienne un peu mieux du fil des jours qui défilent: à terminer donc.
– Et maintenant un de mots jolis pour mes sixièmes: à imaginer.
– Sans oublier mes vents d’ici : rien n’est écrit.

Je me suis dit que c’était trop.
J’ai allumé la radio.
Zut les Frangines.
Donnez-moi. (clique là, tu entendras )
C’est malin. 😉
J’ai fredonné.
Ce n’est jamais trop d’aimer.

 

J’ai repris le cours des choses parce que j’ai plein de temps le lundi. J’ai corrigé un reste de paquets de copies, j’ai allumé l’ordinateur pour rentrer quelques notes, je suis passé par mes mails.
Un vieil ami, très vieux, très bon et son clin Dieu.
“Belle préparation d’Avent Corine avec tes collégiens, tes enfants, ceux que tu aimes croiser et bien sûr ton petit blog.”

Finalement c’est ça.
Il me faut bien des mots pour chacun.

Trop en Avent… pour L’attendre en aimant. 😉

Et à dimanche pour le premier ici.

Quelque chose de bien plus grand

Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume.” Luc, 23, 42

Le malfaiteur, le voleur, le criminel, il fallait l’être pour être cloué sur une croix dans l’antiquité.

Ce larron me touche toujours dans cet évangile. Sans doute parce qu’il est bon, oui. Mais pas seulement. Il est bon et il est humble.

Parce que dans mes heures, mes jours, mes temps où j’oublie Dieu, je ne le suis pas tant, humble. Quand je retrouve Dieu après L’avoir oublié,  laissé tombé, abandonné même, je lui dis toujours de la même façon “mais toi Tu étais là, Tu es là”. Comme on m’a appris sans doute, comme je le crois sûrement. Il y a pourtant quelque chose qui semble me dédouaner de mes fautes, de mes ratés, de mes errances finalement et j’ai cette audace de croyante, cette certitude presque, de lui dire “mais Tu es là, Tu ne m’as pas oublié toi.”

Le bon larron m’apprend quelque chose de bien plus grand.

Il m’apprend à oser penser que Dieu pourrait bien m’oublier lui aussi. Oui, vraiment.
Lui demander de se souvenir de moi, c’est lui demander pardon en vérité. Et non pas ce petit pardon de croyante “Tu sais que je n’ai pas été chouette mais Toi Tu étais là quand même” auquel s’ajoute presque un “ouf je ne crains rien.”

Le larron m’apprend à parler autrement à Dieu. “Je n’ai pas été chouette, es-tu là quand même ? Souviens-toi de moi…”
Et se faire petite devant Lui.
Et ne pas parler à Sa place.

 

Le malfaiteur, le voleur, le criminel, il fallait l’être pour être cloué sur une croix dans l’antiquité.
Ce larron est bon parce qu’il se sait tout petit et qu’il m’apprend à le devenir.

 

Un Avent… dans le vent !

J – 10 et des poussières d’étoiles  😉

 

Il y a eu des sourires, il y a eu des visages, il y a eu des mots. Certains même étaient doux.
Il y a eu de beaux partages aussi.
Ce petit blog aime tant le temps de l’Avent.
Il aime surtout le déroulé des jours à compter comme un ruban qu’on tire doucement jusqu’à la veillée de Noël.

Depuis quelques années déjà, je n’échappe pas à cette sempiternelle question – et au regard amusé qui l’accompagne – que certains savent me lancer quand revient novembre:

– Alors, ton Avent, ce sera quoi cette année ?

 

à  vent

 

C’est ce que j’ai entendu cette fois.
Pour la première fois même, au tout début de novembre, quand la question s’est posée.

C’est vraiment étrange les mots.
J’y ai mis mis tant d’avant, tant d’aventures, tant d’avènements, mais du vent, jamais encore !
Il est vrai que la tempête sévissait ce jour de novembre, peut-être qu’elle m’a soufflé ses mots.

L’Avent cette année a donc détaché ses syllabes: à vent, à tout vent même, à tous les vents.
De celui qui prend le large à celui qui se fait gré, d’un vent coulis à un vent de folie, d’un qui tourne, qui redouble, qui se fend, j’ai entendu l’Avent comme un grand Souffle de vie.
Et j’ai bien envie de venir décliner pendant 24 jours ici, avec vous, pour vous, tous ces souffles, Ses Souffles qui sait…

Bien sûr, il y aura ma Bible ouverte au cœur de chacune de mes journées. Mais je ne parlerais sans doute pas aussi bien qu’Amos de celui qui a formé les montagnes et créé le vent, ni du vent d’occident de l’Exode, ni du vent d’orient, du nord ou même des quatre vents des cieux.
Il y aura la Parole dans ma vie, dans mon quotidien, dans mes heures, parce que c’est là que j’aime l’écouter et la faire entendre, la vivre et la faire vivre, imparfaitement sans nul doute mais du mieux que je peux.
C’est là que Son vent souffle aussi.

De quel vent, pour quel Avent, c’est bien cela que je veux essayer de partager.
Je ne sais trop de quoi seront faits encore tous mes “à vent”, tout ou presque reste à écrire !

À toutes et tous, à bientôt pour un Avent dans le vent … dans 10 jours et des poussières d’étoiles !

 

Petites prières

Silencieuse
Genoux à terre
Mots enfouis aux confins de mon cœur
Quand la lumière s’absente
et que le jour s’éteint

Murmurée
Lèvres effleurées
Aveux à demi-mot au long du temps
Dans les jours bruyants
et les brûlantes heures

Chantée
Mains levées
Mots délivrés par nos gorges écloses
Portées dans tes chapelles
où nos âmes résonnent

Ma prière
pleurée, osée, criée
Toujours vers Toi
Au-delà des évidences et des paroles enfermées

Ma prière
soufflée, libérée, avouée
Aux heures certaines
Ultime abandon
Pour entendre Ta voix, trouver Ton regard
et demeurer en Toi

Amen

 

Avec les cloches de l’église tout le temps

J’aime les chansons. Les petites chansons, la variété, la chanson populaire.
Depuis toujours, depuis que les voix que j’ai aimées fredonnaient Brel ou Ferrat, Edith Piaf ou Mireille Mathieu, Aznavour ou Barbara.
Depuis toujours, depuis que mes jeunes tantes faisaient tourner sur leur manche-disque les 45 tours des Michel, les Sardou, Polnareff ou Delpech.
Depuis toujours, depuis que les années 80 ont laissé dans des coins de ma mémoire et sur le bout de mes lèvres les refrains de mes 20 ans.

J’aime les chansons. Les petites chansons, la variété, la chanson populaire.
Celle qui balance ses mots dans nos quotidiens, qui dit l’amour presqu’autant que mes pages d’évangiles. Si. Je l’ai écrit ça déjà: toutes les chansons parlent d’amour.
Et souvent de Dieu, bien plus souvent qu’il n’y paraît.

J’aime les chansons. Les petites chansons, la variété, la chanson populaire.
Celle qui en dit beaucoup plus sur l’humanité en l’espace de quelques vers seulement, en deux simples mesures, bien davantage que tous les beaux et grands discours.

J’aime les chansons parce qu’elles sont petites, peut-être parce qu’on les méprise souvent les chassant d’autorité hors du champ de la littérature et de la poésie, de tout ce qui grandit l’esprit. J’aime les petites chansons de rien peut-être parce qu’on leur colle cette étiquette d’un rien du tout que j’aime faire valser.

J’aime les chansons et quand un chanteur nous quitte il y a souvent un bout de moi qui se rappelle, et avec une chanson, un bout de vie. Un bout de ma vie.

Aujourd’hui, le dernier des Compagnons de la chanson est mort. Fred avait 95 ans. La génération de mes grands parents qui d’ailleurs l’avait rencontré lors d’une drôle d’exposition de peintures, bien loin de ses succès de chanteur. C’est sans doute pour cela que ses refrains ont accompagné mes premiers voyages en voiture, fredonnés à deux voix en place de l’autoradio qui n’existait pas.

Et il y a eu cette chanson. “Les trois cloches” et Jean-François Nicot et la douce Elise et le bon Dieu dans la vieille église. Petite fille, je la fredonnais aussi et Elise, c’était le prénom que j’aimais, gardé au cœur et donné à mon premier bébé.
Il y a eu cette chanson, précieuse.

Et il y a eu ce jour où elle fut reprise par une jeune chanteuse. Je la fredonnais à nouveau, CD en boucle dans toute la maison.
J’étais jeune maman et mes trois petits étaient des tout-petits. Alors, je me suis prise à chanter à nouveau “les trois cloches” comme j’aimais à le faire … en voiture aussi, lors de nos premiers voyages ensemble.
Et, dans un de mes petits cahiers, j’ai gardé les mots de mon Elise et de ses 5 ans.

 

– Maman elle raconte quoi cette chanson avec Elise dedans ?
– La vie. Elle raconte la vie.
– Ah… mais elle est drôlement jolie la vie avec les cloches de l’église tout le temps.

 

 

 

Un truc très bien

Elle a 12 ans, bientôt 13.
C’est la première fois qu’elle franchit les portes d’un monastère de Bénédictines comme la plupart des jeunes qui le temps d’une moitié de week-end, chaque année, m’y accompagnent.
Je pourrais encore raconter leur belle curiosité, leurs sourires et leur mots simples et spontanés.
La sienne aussi.
Mais je ne ferais que me répéter, répéter le joli de ces moments, leur précieux. En vrai, ces jeunes croisés en caté au bout de chaque semaine, petits dans leur chemin avec Dieu, me grandissent à chaque fois. Ce sont leur curiosité, leurs visages et leurs mots qui me donnent à aimer toujours un p’tit peu plus, et même souvent un p’tit peu mieux.

Elle a 12 ans, bientôt 13.
C’est la première fois qu’elle franchit les portes d’un monastère. Elle découvre qu’entre la salle à manger et la cuisine de notre logis situé dans une aile du monastère, il y a un passe-plat. Elle apprend ce mot inconnu d’elle jusque-là, elle répète la définition: petite porte qui l’amuse beaucoup et donne au moment de préparer le dîner un petit air hors du commun. Elle s’amuse avec les autres à l’idée de passer les plats d’un côté à l’autre sans avoir à changer de pièce. Je vous l’ai dit, ce sont des enfants. En vérité, souvent, ils me disent, au-delà de l’amusement, que c’est juste drôlement pratique. Comme elle qui, cette fois, m’assure que c’est vraiment un “truc très bien”.

 

À la fin de la messe ce matin et en attendant le repas pris en silence avec les Sœurs, nous avons trouvé le temps de nous partager nos impressions. La beauté de la chapelle encore, découverte aux Laudes, la harpe de Sœur Claire, la communion au pain et au vin.
Chacun y va de sa remarque, de ses mots et de ses questions.
Elle s’approche un peu plus de moi avec la sienne.
– Madame… c’est super, il y a aussi un passe-plat pour les hosties…!

Un peu étonnée.
Puis le sourire.
Un grand sourire.

Mon grand sourire quand je réalise très vite que dans la chapelle, le prêtre s’approche toujours du tabernacle en se déplaçant vers le mur, là où une jolie petite porte en forme de grain de blé – qu’on ne voit pas de nos places- , jolie petite porte ouverte dans ce mur de droite, et de là, il en ressort les hosties comme si on venait de lui “passer” la nourriture, comme s’il y avait quelqu’un de l’autre côté. Comme si la porte du tabernacle n’était autre que celle d’un passe-plat, à l’identique de celui de la salle à manger de notre logis.

Elle a 12 ans, bientôt 13.
C’est la première fois qu’elle franchit les portes de ce monastère. Je lui raconte le tabernacle. Elle s’excuse presque, bien sûr qu’elle connaît mais ça ne ressemble en rien à celui de son église, là où elle va parfois.
Elle sourit.
– C’est vraiment “un truc très bien” aussi, pardon de m’être trompée.

Et moi, quand même, de lui dire que l’idée n’était pas si saugrenue.
Non.  Pas saugrenue du tout l’idée que Dieu s’offre en nourriture dans la simplicité d’un repas, dans ce qu’il y a de plus quotidien et de plus essentiel de nos vies.

Un repas.
Un truc très bien en somme.  😉

Chou !

C’est presque chaque fois la même histoire. Non. Ce pourrait être chaque fois la même histoire.
Mais c’est toujours un peu différent.

Pourtant ma petite douzaine de garçons et de filles est prête de la même façon.
On a fait la liste de courses pour le dîner.
On a préparé les jeux pour la veillée.
On n’oubliera pas les chamallows à faire griller dans la cheminée.
Ni les questions pas trop tordues qu’on posera aux sœurs.
J’ai préparé mon p’tit texte d’évangile.
Mes p’tits bouts de prière.
Des B.D.
Et toutes les p’tites choses que je pourrais leur raconter sur Dieu.

 

J’ai quitté le collège un peu plus tard ce soir.
Il y a tout plein de fatigue mais tout plein de bonheur aussi à emmener ma joyeuse troupe. Tout est prêt donc. On file demain après la classe. Le logis Saint-Benoît nous attend, la chapelle, leurs sourires.
Martigné-Briand, nouvel épisode.

J’ai quitté le collège un peu plus tard ce soir en repassant par la salle des profs.
Il n’y avait plus personne. Le collège n’était pas vide pour autant, certains collègues dans les salles proches, rencontraient les parents de deux de nos classes.
Il n’y avait plus personne dans la salle des profs et pourtant un assez chouette plateau très trop vraiment trop posé sur nos tables.
J’ai souri.
Notre adorable cuistot avait encore une fois pensé à nos longues journées et aux longues soirées en laissant là de quoi remonter le moral et redonner un peu d’énergie.

 

Un dernier tour à mon casier.
Un petit mot.
“Corine, j’ai gardé quelques choux au frigo. Je pense que ça peut améliorer l’ordinaire de votre veillée en monastère, passe par la cantine demain, avant de partir.”

 

C’est presque chaque fois la même histoire. Non. Ce pourrait être chaque fois la même histoire.
Mais c’est toujours un peu différent.

Il y a toujours un peu plus d’amitié autour de chacun de nos départs.